Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’école Primrose, situation aussi modeste que précaire ; il avait dû l’accepter faute de mieux, en attendant que la chance revint.

Comme il prononça ce mot « chance » avec une intonation singulière, Magda leva sur Edward un regard surpris.

— Seriez-vous fataliste, monsieur ? interrogea-t-elle, croiriez-vous à la chance et à la malechance ?

— Oui, mademoiselle, et pour cause ! Je suis à cette heure victime d’une malechance persistante, j’ai vu le fruit de mes travaux perdus, ma carrière entravée par suite d’un concours de circonstances malheureuses, imputables à… la perte d’un objet qui était pour moi synonyme de bonheur et de réussite.

— Si j’osais vous demander ?

Rogers, sans se faire prier davantage, raconta que le destin s’acharnait sur lui depuis qu’on lui avait volé le cercueil contenant la momie d’une princesse égyptienne.

The haunting mummy ! celle que nous avons vue ! et dont la presse des deux mondes s’est un moment préoccupée ?

— Oui, mademoiselle. Les phénomènes qu’elle a produits affirmaient sa volonté d’être enlevée du Museum, de ne plus servir de pâture à la curiosité malséante d’une foule de badauds.

— Voyons, voyons, jeune homme, intervint M. Roberty. Il y aurait eu, selon vous, de véritables manifestations ? Tout cela ne se bornerait point à des phénomènes d’autosuggestion pour les uns et d’hystérie pour les autres ?

— Nullement, monsieur, répliqua gravement Rogers. L’âme de Nefert-thi, pour des raisons d’elle seule connues, veut que sa dépouille terrestre soit ramenée sur le sol natal et qu’on la dépose dans sa sépulture profanée pour l’y laisser dormir éternellement. (Cette explication semblait à Rogers très simple à la fois et plus aisément acceptable que la vraie.)

» C’est moi qu’elle a choisi comme l’instrument de la réparation exigée, c’est à moi