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— Je voudrais vous parler. J’ai quelque chose à vous apprendre, quelque chose qui vous intéressera, je crois.

— C’est que je suis pressé.

— Autorisez-moi à vous accompagner. Nous causerons chemin faisant. Ainsi vous ne perdrez pas une minute, et vous saurez ce que vous devez savoir.

Intrigué, Rogers examina plus attentivement celui qui lui parlait. Son air de franchise le rassura.

— Soit, monsieur !

— Permettez d’abord que je me présente. Louis Pierron, bijoutier de profession, actuellement sans travail et brouillé avec sa famille.

L’Anglais eut un vague sourire en répondant.

— Edward Rogers, professeur d’anglais à l’école Primrose. Beaucoup de travail, mais très peu d’argent. Je suis aussi brouillé avec ma famille… Curieux rapprochement, n’est-ce pas ?

— Je passe la plupart de mes soirées chez moi… Je veille fort tard, vous aussi. Les cloisons sont minces et…

— Et ? répéta Rogers.

— Et je vous entends… Vous avez de la peine… Vous la manifestez à voix haute… Surtout ne m’en veuillez pas de paraître vous épier. Je vous assure que je n’y mets aucune indiscrétion.

» Si je vous parle aujourd’hui, c’est qu’il le faut, il le faut absolument. »

L’Anglais convint en hochant la tête :

— Je reconnais, j’avoue que ma situation est très triste…

— Laissons de côté les choses, matérielles. Je sais ce qui vous fait souffrir. Vous pleurez une… un être que vous avez perdu, et que vous voudriez retrouver.

À ces mots Rogers fit un haut-le-corps et s’arrêta net au milieu de la rue ; il demanda d’une voix altérée.

— Comment savez-vous cela ?