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pas encore venue. Bien des choses doivent auparavant s’accomplir. Maintenant que tu connais assez bien la langue sacrée, il est nécessaire que tu apprennes la langue des arts magiques, celle de ma mère, la magicienne Thadukhipa.

» Le livre qu’elle m’avait donné a été enseveli avec moi. Le scribe qui est ici, et dont les yeux sont ornés de cristal et d’or, n’a même pas essayé de le déchiffrer, car les caractères en sont inconnus. C’est le langage du peuple puissant qui a balancé longtemps la fortune des pharaons, la race savante des Khêtas.

» Je t’apprendrai leur langue, Ameni, ou plutôt je t’en ferai ressouvenir, car tu la connaissais jadis, et tu la parlais avec moi. Tu traduiras le livre magique dont seul tu comprendras le sens mystérieux.

» Je veux que ton esprit, puisse soumettre à ta volonté ceux qu’elle doit dompter et asservir ; ainsi, cette forme où je vis cessera d’être une ombre impalpable et s’entourera d’os et de chair.

» Et le secret de tout cela est dans le livre… »

Nefert-thi cessa de parler, son regard se fixa sur le corps rigide de Rogers, elle le contempla, écouta sa respiration ralentie, les pulsations faiblissantes de son cœur. Elle reprit ensuite la parole :

— Il ne faut pas que ton double reste plus longtemps séparé de son support matériel, il ne pourrait plus le retrouver vivant. Adieu ! tu vas « vouloir » rentrer dans ta chair et tu dormiras ensuite. Va, je le veux !

Le précepteur se souvient d’avoir éprouvé la même sensation de chute abyssale, la même angoisse, la même dypsnée, puis plus rien.

Il s’éveilla le lendemain matin très tard. Le soleil était déjà levé, et ses rayons décolorés éclairaient les stores jaunes des fenêtres. Il se sentait las comme s’il eût fait la veille un exercice fatigant.

Rogers demeura pensif toute la journée ; il ruminait dans sa mémoire les événements