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âme fond sur mon double comme l’épervier sur sa proie, alors je suis celle que tu vois auprès de toi, pleine de force et de vie, dans le monde des esprits immortels.

» Tu sauras un jour ce qui est interdit à ma faiblesse, et tu pourras me rendre la vie, sans qu’une naissance nouvelle m’oblige à recommencer une existence ignorante de nos destins passés. Tu seras plus puissant que moi, et cependant combien de choses je puis réaliser ! »

À ce moment, le bruit des pas de Sullivan et de Brown résonna à l’entrée de la salle. La princesse et Rogers s’assirent sur une banquette.

— Je veux que ces esclaves me voient et te voient, Ameni. Bientôt il faudra que je leur apprenne à redouter ma colère.

Sullivan et Brown virent les deux ombres, qu’un simple effort de la volonté de Nefert-thi fit ensuite disparaître à leurs yeux.

Rogers se trouva sans transition dans sa chambre, après avoir eu la sensation d’un déplacement si rapide et si bref qu’il se confondait avec l’immobilité. L’Égyptienne était près de lui et le tenait par la main. Elle s’approcha du lit, où le précepteur vit ce qui lui parut être son propre cadavre.

Il se regardait, et jamais il n’avait éprouvé de plus fantastique impression. Nefert-thi se serra tendrement contre lui. Il passa son bras autour de la taille flexible de la jeune fille et la pressa d’un geste caressant contre son cœur qui battait plus vite.

— Te voilà, Ameni, aujourd’hui Rotcherssé ! Bien que tu sois né dans une race de gens au teint clair, ton âme a imprimé la couleur ancienne à ton corps nouveau. Tu dors d’un sommeil magique. N’essaye pas de t’endormir hors de ma présence, car le monde où je t’ai conduit est plein de périls que tu ne soupçonnes pas.

» Il vaut mieux, crois-moi, errer sans armes dans les marais pleins de bêtes dangereuses, que de voguer dans le monde immatériel où nous sommes. Il est plein de