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du sien. Mais ne vois-tu pas que sa colère est fille de son erreur ? Laisse le temps passer. Bientôt elle sera fière de t’avoir engendré ; bientôt elle bénira mon nom.

— Pardonne-moi, Nefert-thi, je devrais sourire quand tu es auprès de moi mais les reproches de ma mère ont fermé mon cœur à la joie.

— Pauvre Ameni ! dit l’ombre en entourant le cou de Rogers avec ses bras couleur d’ambre, pauvre Ameni ! Ne suis-je pas là pour prendre ma part de ta douleur ?

Le précepteur voulut embrasser le bras parfumé qui était tout près de ses lèvres : il ne sentit qu’une légère résistance, comme celle d’une brise légère qui glisse sur le visage, mais la lumière disparut et Nefert-thi s’évanouit.

Elle reparut au bout d’un instant.

— Rappelle-toi que le contact de ton corps vivant dissout la ténuité de mon apparence. Je puis te toucher, mais tu ne peux t’approcher volontairement de moi ; ta volonté est l’ouragan qui disperse les molécules légères de mon corps, fait d’un nuage subtil.

Et Nefert-thi recommença son geste affectueux, en regardant avec tendresse le visage attristé de Rogers.

— Viens, lui dit-elle, viens avec moi près de ma dépouille ; le moment est arrivé pour toi d’apprendre à diriger ton double sans le secours de la matière. Quand tu seras semblable à moi, ton contact ne me détruira pas. Étends-toi sur ton lit, ferme les yeux.

L’Anglais obéit… Il sentit un souffle frais caresser son visage, et pénétrer son corps ; peu à peu le froid gagnait ses membres, paralysait les muscles de sa poitrine, arrêtait les mouvements de son cœur. Il crut tomber dans un abîme sans fond, sans lumière, sans air. Il étouffait, et ne pouvait pas crier ; sa gorge se fermait, sa tête se perdait, et la sensation de chute infinie semblait durer des siècles.

Tout à coup, il se trouva dans sa cham-