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grave. Je ne supposais pas alors que l’influence pernicieuse de la momie pût avoir quelque relation avec la maladie de ma femme.

» Mon yacht demeura dans le port d’Alexandrie, tandis que je restais au Caire, occupé à donner mes soins à lady Charing.

» Afin de lui éviter un long voyage en mer, je pris avec elle le paquebot pour Brindisi et je la ramenai par l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et la France. Rien de particulièrement surprenant ne m’arriva au cours de ce voyage ; la traversée de mon yacht a été au contraire remplie d’incidents extraordinaires.

— Vraiment ?

— C’est un bateau de 600 tonneaux. Il compte une trentaine d’hommes d’équipage. Parmi eux se trouve un matelot écossais, Mac Donald, qui passe pour avoir le don de seconde vue. C’est un très honnête garçon, dont la famille habite depuis cinq cents ans auprès de la mienne, dans le comté de Perth.

» Mac Donald a toujours eu peur de la momie. Il prétend qu’il voit son esprit et il assure que c’est une âme irritée qui croit avoir des torts à venger ; elle serait furieuse d’avoir été exhumée ; elle s’est aperçue que Donald pouvait entrer en communication avec elle et persécute le pauvre homme. Elle s’exprime dans une langue totalement inconnue de l’Écossais, qui cependant comprend le sens de ses discours, comme s’il percevait la pensée même de la momie.

— Je vous arrête ici, mylord. Votre Mac Donald est un fou, purement et simplement. Je dirai même un fou poltron, par les cornes d’Apis !

— Je ne suis pas de cet avis, M. Smith. J’ai interrogé Mac Donald ; le docteur Martins l’a examiné ; il est sain d’esprit. Les événements subséquents lui ont d’ailleurs donné raison.

» D’abord, dès la sortie du port d’Alexandrie, mon navire a failli s’échouer. C’est par un hasard providentiel que le Thistle n’a pas heurté le musoir de la jetée. Mac Donald était à l’arrière, chargé de je ne sais plus quelle besogne ; il se trouvait à une petite distance des hommes qui tenaient la roue du gouvernail. Tout à coup il vit une femme, vêtue d’une longue robe blanche collante, s’approcher rapidement de la roue, et faire le geste de la pousser.