Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses de son mécontentement ultérieur, comme l’ont prétendu les spirites ?

On n’aurait pas une idée exacte de la vie de Rogers à cette époque si l’on ignorait l’emploi de son temps. Il passait dans les bibliothèques spéciales tous les instants qu’il ne consacrait pas à la momie, et acquérait une science extraordinaire. Ses progrès ont été si rapides qu’ils font penser au mot de Platon, pour lequel apprendre est se ressouvenir. Ayant fait une très savante étude sur la véritable lecture et la prononciation du nom de la momie LVII bis, il essaya de faire publier ce travail dans des revues anglaises, mais, comme le nom de Rogers était encore inconnu, personne ne voulut accepter son mémoire.

Il envoya sa note à Blitzenberger, qui dirigeait à Leipzig la revue d’égyptologie et d’assyriologie ; celui-ci accepta l’article, surpris à l’extrême de la science déployée par ce jeune inconnu.

La phonétique égyptienne ne semblait avoir aucun secret pour lui. Mais comme il relevait certaines erreurs commises par Smith dans son rapport sur les origines de la fameuse momie, celui-ci fut naturellement furieux. Il répondit à Rogers dans une revue rivale qui recueillait ses communications. Le monde savant donna tort à Smith, qui répliqua encore ; bref, du jour au lendemain, le nom du jeune précepteur devint quasi célèbre, si bien que la fameuse maison d’éditions Teubner, de Leipzig, entra en pourparlers avec lui et lui acheta, moyennant 500 livres, son Lexicon linguæ ægyptiacæ, qui est aujourd’hui le dictionnaire universellement employé dans l’étude de l’ancien égyptien.

C’est un sujet d’étonnement pour tout le monde qui réfléchit. Ce dictionnaire compte 800 pages ; il a été écrit en trois mois, et le manuscrit est à peine raturé !

Rogers n’hésite pas à reconnaître devant ses intimes que Nefert-thi en est l’auteur et qu’elle le lui a effectivement dicté. Le