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avait des aigreurs d’estomac, perdait le sommeil, et était tenté de maudire le jour de sa naissance.

Smith avait les nerfs particulièrement sensibles le jour où le rédacteur du New-York Herald força la porte de son bureau. Avec la perspicacité perfide de ses pareils, le pêcheur d’interviews découvrit le point faible de son interlocuteur. Il sut habilement en profiter, l’excita sournoisement, et après quelques boutades, Smith partit comme un bouchon de champagne.

— Cornes d’Apis, monsieur ! Vous vous étonnez de l’indifférence de l’administration qui laisse un tas d’imbéciles faire des simagrées ridicules devant la momie LVII bis ! Qui permet à des gens, encore plus crétins que malades, de chanter leurs hymnes idiots devant une payenne d’Égypte ? Ventre d’Horus ! cela vous étonne, n’est-ce pas ? Cela vous surprend ! Cela vous stupéfie ! Et moi, monsieur ? Et moi ? Cornes d’Isis !

— Mais alors…

— Ah ! vous vous demandez pourquoi l’administration ne fait rien ! Et moi ! Mufle d’Ammon ! croyez-vous que je ne me le demande pas ?

— Mais…

— Ah ! ah ! ah ! — et Smith ricanait sinistrement — les étrangers eux-mêmes sont suffoqués ! La libre Amérique s’émeut. Par Seth ! elle s’émeut, tandis qu’ici !…

Et Smith fit un geste vague dirigé vers le bureau de sir Septimus. Le reporter profita de la pause du fougueux égyptologue pour placer une question.

— Comment n’intervenez-vous pas, monsieur Smith ?

L’autre darda sur lui des prunelles irritées, semblables à des nuées chargées de foudre.

— Moi ? monsieur, moi ? intervenir ? In-ter-ve-nir ? Cornes d’Ammon !

— Cependant…

— Suis-je le directeur du Museum, monsieur ? Suis-je chargé de la correspondance