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— Allons, mon enfant.

Mlle Roberty garda le silence en revenant à l’hôtel. Elle écoutait toujours la voix grave qui disait : « C’est celle qui doit venir ? Elle est belle et te ressemble, Nefer-thi ».

Était-ce d’elle que Rogers parlait ?

Mme de Montserein n’aimait pas beaucoup à demeurer longtemps au même endroit. Elle déclara pendant le dîner qu’elle en avait assez de la momie, et qu’elle désirait rentrer à Paris. Somme toute, les scènes auxquelles il lui avait été donné d’assister ne différaient guère de celles dont sont témoins les lieux de pèlerinage. En fait de merveilleux, elle s’estimait suffisamment bien servie avec le message en égyptien obtenu la veille par Rosalia.

Magda revint à Paris toute changée. Son bel équilibre moral semblait se rompre sous l’empire d’une hantise dont elle n’avait point encore nettement conscience, mais qui agissait sournoisement, et la livrait déjà sans défense aux assauts de la superstition.

Elle était sur le point de croire à ce merveilleux que niait son père. Il la frôlait… Dans le silence de sa chambre n’entendait-elle pas une voix mystérieuse chuchoter ces mots : « Mission ! Sacrifice ! Destinée ! »

Sa destinée ? Jusqu’alors elle n’y avait pas songé. Heureuse auprès de son père, aimant sa vie laborieuse, d’une austérité qui convenait à son caractère réfléchi, elle attendait, confiante en l’avenir, sans se demander ce que serait cet avenir. Soudain, la question se posa devant son esprit, et cela devint une sorte d’obsession.

— Que va-t-il m’arriver ? Que veut-on de moi ? Ce jeune homme, le reverrai-je un jour ?

À quelque temps de là, un soir qu’elle dînait chez sa cousine et que la conversation roulait sur le sujet cher à Mme de Montserein, celle-ci s’écria tout à coup, répondant aux dénégations d’un de ses convives :

— Je soutiens que, dans certaines circonstances, l’avenir peut nous être dévoilé. Ainsi, tenez, j’ai connu Desbarolles ; il m’a prédit l’ensemble de ma vie. À ce point que certaines de ses prédictions se réalisent en-