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LA VIE ET LES TRAVAUX DE WURTZ

de beaux travaux et où sont venus se former un si grand nombre de savants français ou étrangers. Rue Garancière, nous trouvons M. Marcet, connu par des travaux de chimie biologique, membre de la Société royale de Londres ; M. E. Risler, qui poursuivait déjà les applications de la chimie à l’agriculture et qui est aujourd’hui directeur de l’Institut national agronomique ; M. Scheurer-Kestner, sénateur, aussi distingué comme savant que comme industriel ; M. Ad. Perrot qui suivit bientôt sont maître et devint plus tard son préparateur à la Faculté de médecine ; et plusieurs autres moins connus.

Quoique l’entreprise des trois chimistes répondit à un besoin évident, elle ne fut pas heureuse.

La maison dans laquelle ils s’étaient établis et où M. Robin, le savant professeur de l’École de médecine, avait aussi organisé un laboratoire d’histologie, fut vendue à l’imprimeur Plon. Les savants furent obligés de vider les lieux, et nos associés de vendre le matériel qu’ils avaient installé grands frais.


C’est vers cette époque que se placent les rotations fréquentes et amicale de Wurtz avec plusieurs hommes qui ont marqué dans les sciences ou dans les lettres. La plupart étaient membres de la Société philomatique, que l’on appelait alors l’antichambre de l’Institut. On était convenu de se réunir après dîner au café Procope pour se rendre à la Société, dont les séances se tenaient non loin de là, rue d’Anjou-Dauphine. Parfois il arrivait que, la conversation étant particulièrement intéressante, elle se prolongeait indéfiniment, et la Société se trouvait négligée ; mais la science n’y perdait rien, car les interlocuteurs étaient, avec Wurtz, Foucault, Verdet et Bréguet, MM. Himly, Regnauld, Robin, Serret.


L’Institut agronomique de Versailles ayant été créé en 1850, Wurtz y fut nommé professeur de chimie ; il eut comme chef des travaux chimiques son associé Verdeil, et comme préparateur M. A. Riche, aujourd’hui professeur à l’École supérieure de pharmacie. Il n’eut d’ailleurs pas longtemps à faire son cours, le nouvel Institut ayant été supprimé en 1852 par le prince président, qui n’aimait pas les créations du gouvernement républicain. Wurtz perdit sa place au moment même où il allait se marier, et l’agriculture dut attendre pendant vingt-cinq ans pour voir renaître cet établissement de haute science agricole, si nécessaire à son développement.


Wurtz reçut bientôt un ample dédommagement en devenant professeur à la Faculté de médecine (1853). Dumas avait renoncé à sa chaire ; Orfila, qui avait occupé celle de chimie minérale et de toxicologie, étant mort, les deux furent fondues en une seule et Wurtz chargé de la remplir. C’était une tâche difficile après deux prédécesseurs d’un