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d’origine de ces astres. Il est de toute justice de reconnaître au Philosophe allemand la gloire d’avoir le premier énoncé cette idée grandiose. Mais il n’existe entre les deux hypothèses aucun autre point commun ; la nébuleuse de Kant diffère entièrement, par ses propriétés et son mouvement, de la nébuleuse de Laplace ; et les conceptions de Kant sont trop souvent en contradiction formelle avec les principes de la Mécanique.

Kant suppose le chaos universel primitif se divisant, par l’effet de l’attraction, en un grand nombre d’amas isolés, germes des étoiles futures, qui restent en repos par l’équilibre de leurs actions mutuelles. Un pareil système d’amas dénués de vitesse initiale se rassemblerait forcément en une masse unique.

Dans chaque nébuleuse isolée, les actions intérieures sont tenues pour suffisantes à produire un mouvement de rotation régulier de l’ensemble. Cette conclusion est absolument contraire aux lois de la Mécanique : les mouvements actuels de révolution et de rotation du Soleil et des planètes ne peuvent être que les équivalents, sans augmentation ni diminution, du mouvement de rotation communiqué à l’origine à la nébuleuse par une cause extérieure.

Cette nébuleuse est formée d’une condensation centrale, autour de laquelle des particules, indépendantes les unes des autres, une sorte de matière pulvérulente, circulent dans des orbites isolées suivant les lois de Kepler. Nous allons voir que la nébuleuse de Laplace est une véritable atmosphère, formée d’un gaz élastique, dont la masse entière tourne avec la même vitesse angulaire que la condensation centrale, en vertu d’un mouvement originel, dont la cause, non indiquée, est en dehors de la nébuleuse elle-même.

Les planètes, formées suivant les idées de Kant, paraissent devoir être animées d’un mouvement de rotation rétrograde, et les mouvements des satellites seraient également rétrogrades.

Ces remarques suffisent à montrer que l’hypothèse de Kant, très remarquable pour l’époque où elle fut imaginée, ne conserve en réalité aujourd’hui qu’un intérêt purement historique.