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premier, à l’action perturbatrice de Jupiter ; et pour le second, à la résistance offerte à son mouvement par la matière environnant le Soleil, résistance qui a dû diminuer sa vitesse linéaire de translation. S’il existe, comme il est probable, des planètes au delà de Saturne, leurs orbites devront être fortement excentriques (p. 114). Il est vrai que la découverte d’Uranus et de Neptune n’a nullement vérifié cette prédiction de Kant.

Quoi qu’il en soit, pour lui, les comètes se sont formées de la même manière que les planètes, mais à de grandes distances du Soleil, dans des régions où la faiblesse de l’attraction centrale et la rareté du milieu permettaient des mouvements très excentriques, et dans des plans fortement inclinés sur l’équateur solaire. Ces mouvements doivent être en général directs. Kant essaye bien de montrer comment ils pourraient être rétrogrades ; mais il tend bien plutôt à regarder de pareils mouvements, reconnus à son époque pour dix-neuf comètes seulement, comme des exceptions et parfois même des illusions d’optique (p. 119).

Les comètes, ainsi créées dans les régions les plus extérieures de la nébuleuse, sont formées d’une matière d’une ténuité extrême. C’est la volatilité de cette matière qui produit la chevelure et la queue de ces astres. Kant assimile cette formation au phénomène de l’aurore boréale : les vapeurs les plus légères de la Terre, chassées des régions équatoriales par la chaleur solaire, se rassemblent au-dessus des régions froides des pôles, y produisent les aurores, et donneraient à la Terre l’aspect d’un astre chevelu, si elles y étaient aussi abondantes que sur les comètes.

Le Chapitre V, consacré à la formation de l’anneau de Saturne, offre un très grand intérêt par l’originalité et la hardiesse des idées que Kant émet sur la nature et l’origine de ce mystérieux ornement et sa liaison avec la rotation de la planète.

Saturne, la plus éloignée des planètes, était à l’origine un astre analogue aux comètes ; il décrivait une orbite très excentrique et, au voisinage du Soleil, il avait acquis une haute température, qui l’avait enveloppé d’une vaste atmosphère semblable à la chevelure de ces astres. Peu à peu, son orbite s’est rapprochée de la forme circulaire, tout en conservant des traces de son excentricité primitive ; la planète s’est refroidie, et c’est pendant cette période qu’a eu lieu la transformation de son atmosphère en un anneau.