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d’infortune) se trouverait dans cette route intermédiaire semée d’écueils où les séductions des sens sont assez puissantes pour lutter avec avantage contre la suprématie de l’esprit, quoique l’homme ait le pouvoir de leur résister, s’il ne plaît pas davantage à sa mollesse de se laisser entraîner par leurs tentations ; la Terre occuperait ce point milieu plein de dangers, entre la faiblesse et la force, où les avantages même qui l’élèvent au-dessus des classes inférieures le placent à une hauteur d’où il peut craindre à chaque instant de tomber infiniment au-dessous d’elles. En fait, les deux, planètes Mars et la Terre sont au milieu même du système planétaire, et il est permis de supposer sans invraisemblance que leurs habitants occupent aussi une position moyenne entre les deux extrêmes, aussi bien par leurs propriétés physiques que par leurs qualités morales. Mais j’abandonne volontiers la discussion de pareilles opinions à ceux dont l’esprit peut se plaire à sonder les problèmes insolubles et qui seraient plus disposés que moi à en assumer la responsabilité.

Conclusion.

Nous ne savons pas bien ce qu’est réellement l’homme aujourd’hui, malgré les données que la conscience et les sens devraient nous fournir. Encore moins pouvons-nous deviner ce qu’il deviendra un jour. Cependant la connaissance de cet avenir si éloigné éveille au plus haut degré la curiosité de l’âme humaine, et c’est un besoin pour elle d’interroger tout ce qui peut éclairer une science si obscure.

L’âme immortelle doit-elle, pendant la durée sans fin de sa vie future, que la tombe même transforme, mais n’interrompt pas, rester enchaînée pour toujours au point de l’Univers, à la Terre, où elle a été placée ? Ne doit-elle jamais être admise à une vision plus rapprochée des autres merveilles de la Création ? Qui sait s’il ne lui est pas réservé de pouvoir un jour connaître ces globes éloignés et l’excellence de leur aménagement, qui déjà de loin excitent si vivement sa curiosité ? Peut-être se forme-t-il aujourd’hui, aux limites de notre système, de nouvelles planètes qui nous préparent sous d’autres cieux de nouvelles demeures, lorsque aura été accompli le temps assigné à notre séjour ici-bas. Qui sait si les