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APPENDICE

SUR LES HABITANTS DES ASTRES.


Convaincu que ce serait dégrader le caractère de la Science que de la faire servir à revêtir à la légère d’un semblant de vraisemblance les folles divagations de l’esprit, affirmât-on en même temps que ce que l’on en fait n’est que pour se divertir, je n’introduirai dans la recherche actuelle d’autres propositions que celles qui peuvent réellement contribuer à l’avancement de nos connaissances et qui paraissent en même temps si bien fondées en vraisemblance, qu’on puisse difficilement se refuser à en reconnaître la valeur.

Bien qu’il puisse paraître que, dans un tel sujet, il n’y ait aucune limite nécessaire au libre essor de l’imagination ; que, lorsqu’il s’agit de définir les propriétés des habitants des mondes lointains, on ait le droit de lâcher la bride à la fantaisie, avec plus d’abandon même que le peintre qui veut figurer les plantes et les animaux de terres inconnues, et que tout ce qu’on voudra penser de ces habitants ne puisse être ni démontré ni contredit ; pourtant faut-il avouer que, de la distance des astres au Soleil, naissent certains rapports qui exercent une influence essentielle sur les facultés des êtres pensants qui y sont placés ; car leur mode d’agir et de sentir est lié aux propriétés de la matière à laquelle ils sont enchaînés et dépend de l’intensité des impressions qu’éveille en eux le monde qu’ils habitent, en raison de ses relations de position avec le point central de l’attraction et de la chaleur.

Mon opinion est qu’il n’est pas absolument nécessaire de croire que toutes les planètes sont habitées, quoiqu’il soit absurde de le nier pour toutes ou du moins pour le plus grand nombre d’entre elles. Dans la splendeur de l’Univers, où chaque monde et chaque système de monde n’est qu’un grain de poussière auprès de l’en-