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au-dessus du chaos des idées préconçues, jusqu’à la considération de la vérité pure. Je veux croire que personne, à l’exception peut-être de ceux dont l’approbation ne compte pas, ne mettra en doute la droiture de mes intentions, lorsque je parais attribuer aux seules lois générales de la nature l’établissement des harmonies que nous offre le monde entier dans toutes ses parties, pour le plus grand avantage de la créature raisonnable. Il est certes très raisonnable de croire qu’un ordre si parfait, établi en vue d’un but utile, ne peut avoir pour auteur qu’une Intelligence souverainement sage. Mais on peut aussi en tout repos accepter mes idées, si l’on remarque que les propriétés essentielles et générales de toutes choses doivent tendre naturellement à produire des effets stables et s’harmonisant les uns avec les autres, puisque la création entière ne reconnaît pas d’autre origine que cette Sagesse suprême. On ne pourra non plus s’étonner de me voir attribuer à un effet nécessaire des lois générales de la nature les dispositions de l’ordre général du monde qui ont en vue l’avantage des créatures ; car tout ce qui découle de ces lois n’est pas l’effet d’un hasard aveugle ou d’une fatalité sans raison ; tout, en définitive, se base sur la Suprême Sagesse, d’où les propriétés générales de la nature empruntent leurs harmonieuses concordances. Certes, cette première conclusion est absolument juste : si l’ordre et la beauté brillent dans la constitution du monde, il existe un Dieu. Mais cette autre conclusion n’est pas moins fondée : si cet ordre a pu découler des lois générales de la nature, c’est que toute la nature est une production de la Suprême Sagesse.

À ceux qui, malgré tout, se plairaient encore à vouloir attribuer à l’intervention immédiate de la Sagesse Divine la belle ordonnance de la nature, d’où découlent les harmonies et les fins utiles de toute chose, et à refuser tout pouvoir de produire de pareils effets au développement d’après les seules lois naturelles, je conseillerai, pour extirper une bonne fois ce préjugé, de ne pas se borner à contempler dans le monde un astre en particulier, mais d’en embrasser tout l’ensemble. La position inclinée de l’axe de la Terre par rapport au plan de sa course annuelle, qui produit la succession agréable des saisons, leur paraît une preuve de l’action immédiate de Dieu ; qu’ils mettent en regard ce que devient cette inclinaison dans les autres planètes. Ils verront qu’elle n’est pas la