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nique, conforme aux lois naturelles générales, et que la cause qui les a ou imprimés ou dirigés a dominé dans toute l’étendue de l’édifice planétaire, et y a obéi aux lois qu’observe la matière répandue dans un espace entraîné d’un mouvement commun, à savoir que tous les mouvements divers prennent finalement une direction unique, et dans leur ensemble se font autant que possible dans le même plan.

2o  Les vitesses sont ce qu’elles doivent être dans un espace où la force mouvante émane d’un centre, c’est-à-dire, qu’elles décroissent progressivement à mesure que les distances à ce centre augmentent, et aux plus grands éloignements se perdent dans une impuissance presque complète à dévier les astres de leur chute verticale vers le centre. À partir de Mercure, qui possède la plus grande force d’impulsion, on voit cette force diminuer par degrés, et devenir si faible dans les comètes les plus extérieures qu’elle les empêche tout juste de tomber directement sur le Soleil. On ne peut objecter que les règles des mouvements centraux sur des orbites circulaires exigent que la vitesse d’impulsion soit d’autant plus grande que le mobile est plus voisin du centre d’attraction ; car quelle nécessité y a-t-il que les astres voisins de ce centre aient leurs orbites circulaires ? Pourquoi les orbites intérieures ne sont-elles pas les plus excentriques, et les plus éloignées circulaires ? Ou plutôt, puisque toutes s’écartent de cette forme géométrique absolue, pourquoi l’écart augmente-t-il avec la distance ? N’y a-t-il pas dans ces relations l’indication du point auquel tout mouvement était originairement confiné, autour duquel il s’est étendu en diminuant avec l’éloignement, avant que d’autres causes déterminantes aient amené les directions des mouvements actuels ?

Si maintenant on veut soustraire la constitution de l’Univers et l’origine de ses mouvements à l’empire des lois générales de la nature, pour les attribuer à l’action immédiate de Dieu, on voit aussitôt que les analogies que je viens de citer contredisent évidemment une telle conception. Car d’abord, en ce qui concerne la concordance générale des directions, il est clair qu’il n’y aurait aucun motif pour que les astres aient tous leurs courses dirigées dans le même sens, s’ils n’y avaient pas été déterminés par le mécanisme de leur naissance. Car l’espace dans lequel ils circulent est infiniment peu résistant et ne s’oppose pas plus à leur mouve-