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une ignorance paresseuse, je vais établir par des arguments irréfutables la certitude de ces deux principes : 1o  le monde doit son origine et sa constitution à une évolution mécanique qui s’est accomplie suivant les lois générales de la nature ; 2o  le mode de génération mécanique que nous avons exposé est le véritable. Afin de juger si la nature possède des aptitudes suffisantes pour mettre au jour l’ordonnance de l’Univers par une conséquence mécanique des lois de ses mouvements, il faut d’abord considérer combien sont simples les mouvements que les astres observent, et qu’ils n’ont rien en soi qui exige une plus exacte définition que celle qu’apportent avec elles les lois générales des forces de la nature. Les mouvements de révolution résultent de la combinaison de la force de pesanteur, qui est une conséquence certaine des propriétés de la matière, avec un mouvement d’impulsion qui peut être regardé comme un effet de la première force, comme une vitesse résultant de la chute elle-même, et qui nécessite seulement l’intervention d’une cause déterminée, capable de faire dévier les corps de leur direction verticale. Une fois obtenue la détermination de ces mouvements de révolution, il ne reste plus qu’à les entretenir à tout jamais. Or ils se continuent dans un espace vide, par la combinaison de la force d’impulsion primitivement imprimée, avec l’attraction qui découle des forces essentielles de la nature et par suite ils ne sont exposés à aucune altération. D’ailleurs les lois et la concordance de ces mouvements montrent si clairement la réalité d’une origine mécanique qu’il est impossible de douter de cette origine. Car :

1o  La direction de ces mouvements est universellement concordante, puisque, parmi les six planètes principales et les dix satellites, il n’est pas un seul astre qui, dans son mouvement de translation ou dans sa rotation autour de son axe, se meuve dans un autre sens que de l’ouest à l’est. Ces directions s’accordent en outre à cet autre point de vue, qu’elles ne s’écartent que très peu d’un plan commun ; et ce plan auquel tout se rapporte est le plan équatorial du corps qui, au centre du système, tourne dans le même sens autour de son axe, et qui, devenu par son attraction prépondérante le centre de relation de tous les mouvements, a dû y participer aussi exactement que possible. Il suit bien de là que l’ensemble des mouvements est le résultat d’une action méca-