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Soleil soit réellement un corps enflammé, et non pas une masse de matière fondue et portée au plus haut degré d’incandescence, comme plusieurs l’ont pensé par suite de certaines difficultés qu’ils ont prétendu trouver dans la première manière de voir. Il faut en effet remarquer qu’une combustion a, sur l’autre mode d’incandescence, cet avantage essentiel qu’elle est active par elle-même, qu’au lieu de diminuer ou de s’épuiser par le partage, elle en acquiert au contraire plus de force et de vivacité, et qu’elle n’a besoin que d’aliments pour s’entretenir et durer éternellement ; au contraire, l’incandescence d’une masse portée au plus haut degré de chaleur est un pur état passif, qui s’amoindrit sans cesse par le contact de la matière environnante, qui ne possède aucune vertu particulière par laquelle il puisse s’accroître, ou se revivifier après une diminution de chaleur. Ces raisons suffisent, et j’en passe bien d’autres sous silence, pour nous faire admettre comme très probable la constitution du Soleil que j’ai indiquée.

Si maintenant le Soleil ou plutôt les soleils sont des globes enflammés, la première propriété de leur surface qui découle de là, c’est qu’il doit y avoir de l’air, car le feu ne peut brûler sans air. Cette condition donne lieu à de merveilleuses conséquences. Si d’abord on met en balance l’atmosphère du Soleil et son poids avec celui du noyau solaire, dans quel état de compression ne doit pas se trouver cet air, et quelle puissance n’en tire-t-il pas pour entretenir par sa force élastique une si violente combustion ? Dans cette atmosphère s’élèvent aussi, suivant toute vraisemblance, des nuages de fumée provenant des matériaux détruits par la flamme ; ces nuages sont formés sans aucun doute d’un mélange de parties grossières et légères qui, après qu’elles se sont élevées à une hauteur où elles rencontrent un air plus froid, se précipitent en pluies de poix et de soufre, et ramènent à la flamme un nouvel aliment. Cette atmosphère, pour les mêmes causes que sur notre Terre, n’est pas exempte du mouvement des vents, qui dépassent probablement en violence tout ce que peut supposer l’imagination. Lorsqu’en un lieu quelconque de la surface solaire, l’expansion de la flamme vient à décroître, étouffée par les vapeurs qui se dégagent, ou par suite d’un afflux moins abondant de matière combustible, l’air qui se trouve au-dessus de ce lieu se refroidit, et, par sa contraction, permet à l’air environnant de se précipiter dans cet espace