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de vraisemblance d’une hypothèse ne considéreront pas celle que je propose comme un jeu chimérique de l’imagination ; bien qu’elle ait trait à un sujet qui semble destiné à rester éternellement caché à l’entendement de l’homme, elle a tout au moins pour elle l’analogie, le seul guide qui nous reste, quand le fil d’une démonstration directe nous fait défaut.

Mais on peut encore étayer l’analogie par d’autres raisons très plausibles, et la perspicacité du lecteur qui voudra bien adopter mes idées y en ajoutera peut-être d’autres plus puissantes encore. Car il faut remarquer que la création ne porte pas avec elle le caractère de stabilité, dès qu’elle n’oppose pas, à l’effort de l’attraction universelle, une disposition générale de toutes ses parties capable de contrarier utilement la tendance destructive de cette attraction, à moins qu’elle n’ait reçu en partage des forces d’impulsion qui, par leur combinaison avec la gravitation centrale, établissent une constitution systématique générale. On est donc forcé de supposer un centre commun de tout l’Univers, qui en retient toutes les parties dans les liens de relations déterminées et ne fait qu’un système de tout le contenu de la nature. Si l’on étend maintenant à tout l’univers la notion de la formation des astres aux dépens de la matière élémentaire disséminée dans l’espace, telle que nous l’avons décrite dans ce qui précède en la bornant à la formation d’un système isolé, on sera forcé d’admettre la dissémination de l’élément primitif dans tout l’espace du chaos originel ; et cette supposition entraîne avec elle l’existence d’un centre de toute la création, afin qu’en ce point puisse se réunir la masse qui comprend dans la sphère de son activité la nature entière, et que puisse s’établir la relation générale par laquelle tous les mondes ne forment qu’un seul édifice. Mais on ne peut guère supposer dans l’espace indéfini une autre loi de distribution de la matière originelle, qui soit capable d’engendrer un point central d’attraction de la nature entière, que celle d’après laquelle la dispersion de la matière augmente dans toutes les directions à partir de ce point. Or cette loi suppose en même temps une différence dans la durée de formation complète des systèmes dans les diverses régions de l’espace, cette période étant d’autant plus courte que le lieu de formation d’un monde est plus voisin du centre de la création, parce que les éléments de la matière y sont plus condensés que partout ailleurs, et