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Si l’on regarde à leur tour ces systèmes comme des anneaux de la grande chaîne de l’Univers, on a les mêmes raisons de penser qu’ils doivent être en relation mutuelle ; que leurs liaisons, sous l’empire de la loi générale de première création qui domine à travers toute la nature, les constituent en un nouveau système plus grand encore, qui est régi par l’attraction, incomparablement plus puissante, d’un corps placé au centre de leurs positions régulières. L’attraction, qui est la cause de la distribution systématique des étoiles de la Voie lactée, agirait aussi sur ces mondes lointains pour les faire sortir de leurs positions et ensevelirait l’Univers dans un chaos inévitable et imminent, si des forces d’impulsion régulièrement distribuées ne faisaient équilibre à la gravitation, et n’engendraient ces relations qui sont le fondement de la constitution des astres en systèmes. L’attraction est sans aucun doute une propriété de la matière tout aussi étendue que l’existence même de cette matière dans l’espace, dans lequel elle relie les corps par des dépendances mutuelles ; ou, pour mieux dire, c’est l’attraction qui constitue la relation générale par laquelle les divers corps de la nature sont réunis dans l’espace. Elle s’étend donc à toute distance aussi loin qu’il existe de la matière. Si la lumière nous arrive de ces systèmes lointains, elle qui n’est qu’un mouvement communiqué, ne faut-il pas que tout d’abord l’attraction, cette source originelle de tout mouvement, qui préexiste à tout mouvement, qui ne reconnaît aucune cause antérieure, qui ne peut être arrêtée par aucun obstacle, puisqu’elle agit dans les profondeurs intimes de la matière, avant tout ébranlement, même dans le repos universel de la nature ; ne faut-il pas, dis-je, que l’attraction ait donné à ces systèmes d’étoiles, malgré leur immense éloignement, à l’origine du premier tressaillement de la nature, un mouvement qui est ici, comme il l’a été dans notre petit monde, la cause de la formation et de la stabilité des systèmes et qui les garantit de la destruction ?

Mais où finiront ces systèmes ? Où s’arrêtera la création elle-même ? Il est bien clair que, pour se la figurer en rapport avec la puissance de l’Être infini, il faut la supposer sans limite. Étendre l’espace où s’est révélée la puissance créatrice de Dieu à une sphère du rayon de la Voie lactée, ce n’est pas s’approcher plus de sa grandeur infinie, que si on le limite à une sphère d’un pouce de diamètre. Tout ce qui est fini, tout ce qui a des limites et peut