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Mais, à côté de cette ressemblance avec l’anneau de Saturne, il existe entre les deux phénomènes une dissemblance essentielle, qui rend la lumière zodiacale toute différente de cet anneau. Les particules de l’anneau se maintiennent dans des orbites circulaires indépendantes en vertu du mouvement de rotation qui leur a été imprimé ; mais les particules de la matière zodiacale sont maintenues à distance par l’action des rayons solaires, sans laquelle le mouvement qu’elles tiennent de la rotation du Soleil serait insuffisant à les préserver de la chute et à les maintenir en libre circulation. Car, la force centrifuge à la surface du Soleil n’étant pas même 1/40000 de l’attraction, les vapeurs devraient s’éloigner à 40 000 rayons solaires pour trouver à cette distance une gravitation qui pût équilibrer leur vitesse. Il est donc certain que ce phénomène solaire ne peut être à ce point de vue assimilé à l’anneau de Saturne.

Enfin on pourrait encore, et non sans vraisemblance, assigner à cet ornement du Soleil une origine identique à celle de l’ensemble du système planétaire ; il a pu être formé des particules de la matière universelle qui se mouvaient dans les régions les plus élevées du monde solaire ; celles-ci ne sont tombées que tardivement vers cet astre, après la formation complète de tout le système, en suivant lentement une orbite courbe dirigée de l’ouest à l’est ; et, en vertu de cette révolution, elles sont venues croiser dans les deux sens l’équateur prolongé du Soleil et s’y sont accumulées. Elles sont maintenant soutenues à cette hauteur et dans ce plan à la fois par la répulsion des rayons solaires, et par leur vitesse circulaire effective. Cette explication n’a d’ailleurs d’autre valeur que celle qui convient à une hypothèse, et n’a pas la prétention de s’imposer à l’approbation du lecteur, qui reste libre de tourner ses préférences du côté où lui apparaîtra la plus grande probabilité.