Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

face pour décrire des orbites circulaires avec la vitesse équatoriale de la planète, dès que l’on connaît le diamètre de la planète, la durée de sa rotation et la pesanteur à sa surface. D’après les lois du mouvement central, la distance d’un corps qui tourne en cercle autour d’une planète avec une vitesse égale à la vitesse équatoriale de celle-ci est au rayon de la planète comme la force centrifuge à l’équateur est à la pesanteur. D’après cela, la distance du bord intérieur de l’anneau de Saturne est 8, si l’on prend le rayon égal à 5, le rapport de ces deux nombres étant celui de 32 à 20, qui, comme nous l’avons déjà remarqué, exprime la proportion entre la pesanteur et la force centrifuge à l’équateur. Pour la même raison, si l’on supposait que Jupiter pût avoir un anneau formé de la même manière, le diamètre intérieur de cet anneau dépasserait dix fois le rayon du globe de la planète, ce qui le placerait exactement à la distance où circule le satellite le plus extérieur ; il faut ajouter à cette première impossibilité celle qui résulte de ce que les exhalaisons d’une planète ne peuvent s’étendre à une aussi grande distance de sa surface. Si l’on veut savoir pourquoi la Terre n’a point d’anneau, on trouvera la réponse dans la grandeur du rayon qu’aurait dû avoir son bord intérieur, 289 rayons terrestres. Dans les planètes à rotation lente, la production d’un anneau devient bien plus impossible ; il n’est donc qu’un seul cas où une planète puisse acquérir un anneau de la manière que nous avons expliquée, et c’est celui de la planète qui seule en possède effectivement un ; il me semble ressortir de là une éclatante confirmation de l’exactitude de notre explication.

Mais ce qui me confirme encore plus dans l’idée que l’anneau qui entoure Saturne ne s’est pas formé par le mode général qui a dominé dans tout le système planétaire et a donné à Saturne lui-même ses satellites, que ce n’est point la matière extérieure qui en a fourni les éléments, mais qu’il est une création de la planète même, qui a exhalé ses parties les plus volatiles sous l’action de la chaleur, et leur a communiqué par sa rotation l’impulsion nécessaire pour graviter autour d’elle : c’est que l’anneau n’est pas situé comme les autres satellites de la planète, et d’une manière générale comme tous les corps circulants qui accompagnent une planète principale, dans le plan fondamental des mouvements planétaires. Il s’en écarte au contraire beaucoup, et c’est là une preuve cer-