Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’augmentation du diamètre équatorial éloigne les particules du centre et produit une diminution de la pesanteur ; et pour ce motif, l’aplatissement du sphéroïde de Newton est accru et la différence des diamètres s’élève de 1/289 à 1/230.

Pour ces raisons, les diamètres de Saturne devraient être l’un à l’autre dans un rapport plus grand que celui de 20 à 32 ; ils devraient atteindre presque la proportion de 1 à 2. Une différence aussi grande n’échapperait pas à l’observation, quelque petit que Saturne puisse paraître dans la lunette. Mais la seule conclusion à tirer de tout ceci, c’est que l’hypothèse d’une densité uniforme, qui pour la Terre paraît être assez exacte, s’écarte complètement de la vérité pour Saturne. Et ceci n’a rien que de très vraisemblable pour une planète dont le noyau est formé en majeure partie de substances très légères ; d’où il est résulté une plus grande facilité pour les éléments plus lourds de descendre vers le centre en raison de leur poids, avant le commencement de la période de solidification, que chez ces astres dont la matière plus dense a retardé le dépôt des matériaux et s’est solidifiée avant que la précipitation se soit produite. Si donc nous supposons que, dans Saturne, la densité des couches intérieures croît à mesure qu’elles se rapprochent du centre, la pesanteur ne diminue plus dans le même rapport ; l’augmentation de densité fait plus que compenser la diminution de gravité résultant de ce que les couches situées au-dessus du point que l’on considère n’ont point d’action sur lui[1]. Si cette densité prépondérante des matériaux profonds est très considérable, en vertu des lois de l’attraction, elle transforme la pesanteur qui décroîtrait en s’approchant du centre en une force à fort peu près constante et uniforme, et par suite fait que le rapport des diamètres se rapproche beaucoup de ce que voudrait l’hypothèse de Huygens, c’est-à-dire de la moitié du rapport de la force centrifuge et de la pesanteur. En conséquence, comme ce rapport est ici de 2 à 3, la différence des diamètres de la planète ne sera pas 1/3, mais 1/6 du dia-

  1. Car, d’après les lois d’attraction de Newton, un corps situé dans l’intérieur d’une sphère ne subit d’attraction que de la part de la portion de celle-ci qui est comprise dans une sphère concentrique de rayon égal à la distance de ce corps au centre. La portion extérieure, en vertu de l’équilibre des attractions qu’elle exerce sur lui, n’a aucun effet ni pour l’attirer vers le centre, ni pour l’en éloigner.