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suprême, dont elles dépendent toutes et qui les fait toutes travailler de concert à l’harmonie de l’Univers. Saturne tire certainement de grands avantages de l’existence de son anneau ; celui-ci prolonge son jour et, avec le concours de ses lunes nombreuses, il éclaire ses nuits d’un tel éclat qu’on doit aisément y oublier l’absence du Soleil. Mais faut-il pour cela nier que le développement général de la matière suivant des lois mécaniques, sans l’intervention d’autres motifs déterminants que ses propriétés naturelles, ait pu aboutir à un état de choses qui présente de si grands avantages pour la créature raisonnable ? Tous les êtres sans exception dépendent d’une seule cause, qui est l’intelligence de Dieu ; leurs actions réciproques ne peuvent donc aboutir à d’autres conséquences que celles qui concourent à l’exécution du plan parfait tracé originellement dans la pensée divine.

Nous allons maintenant calculer la durée de la rotation axiale de Saturne, d’après les relations qu’il a avec son anneau en raison du mode de formation que nous attribuons à celui-ci. Puisque le mouvement des éléments de l’anneau a été tout entier emprunté au mouvement de rotation de la planète, à l’époque où ils faisaient partie de sa surface, la plus grande vitesse qu’ils puissent avoir est la plus grande vitesse qui existe sur la surface de Saturne ; en d’autres termes, la vitesse linéaire avec laquelle circulent les particules du bord intérieur de l’anneau est la même que la vitesse d’un point de l’équateur de la planète. Or on peut aisément trouver la valeur de la première en la déduisant de la vitesse d’un des satellites de Saturne, d’après la loi du rapport des racines carrées des distances au centre. La valeur ainsi trouvée pour la vitesse donne immédiatement la durée de la rotation de Saturne autour de son axe : elle est de six heures vingt-trois minutes cinquante-trois secondes. Ce calcul mathématique du mouvement inconnu d’un astre, qui est peut-être la seule prédiction de son espèce dans les sciences naturelles, attend sa confirmation des observations de l’avenir. Les lunettes connues jusqu’à ce jour ne grossissent pas assez Saturne, pour que l’on puisse découvrir sur sa surface les taches qu’on peut supposer y exister, et déduire de leur déplacement la durée de sa rotation. Mais les lunettes n’ont sans doute pas encore atteint le degré de perfection que l’on est en droit d’espérer, et que semblent nous promettre le zèle et l’habileté des artistes. Si l’on parvenait