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forcer à céder les particules résistantes. Les actions réciproques de ces particules éloignées se bornent sans doute à faire cesser, au bout d’un temps plus ou moins long, l’état d’homogénéité du milieu. Alors commencent à se former dans son sein de petites masses, origines d’autant d’astres futurs qui, en raison de la faiblesse du mouvement de la matière dont elles se sont créées, tombent vers le Soleil dans des orbites très excentriques ; chemin faisant, elles s’incorporent des particules animées d’un mouvement plus rapide qui les détournent de plus en plus de la chute verticale ; et finalement ces masses constituent les comètes, lorsque l’espace dans lequel elles se sont formées a été nettoyé et vidé par la chute des matériaux vers le Soleil ou leur réunion en masses isolées. Telle est la cause pour laquelle croît, avec la distance au Soleil, l’excentricité des planètes et celle de ces astres dont on a fait une espèce à part sous le nom de comètes, parce que leurs orbites sont encore beaucoup plus allongées. Il est vrai qu’il y a encore deux exceptions à la loi d’accroissement de l’excentricité avec la distance au Soleil ; on les rencontre dans les deux plus petites planètes de notre système, Mars et Mercure. Mais, pour le premier, c’est vraisemblablement le voisinage du puissant Jupiter qui en est cause ; en dérobant à Mars par son attraction les particules situées de son côté et ne lui permettant ainsi de se grossir que du côté du Soleil, Jupiter a déterminé un excès de la force centrale et par suite une forte excentricité. Quant à Mercure, la plus intérieure, mais en même temps la plus excentrique des planètes, on peut présumer que la vitesse du Soleil dans sa rotation étant loin d’atteindre encore la vitesse de Mercure, la résistance qu’il oppose à la matière qui l’enveloppe, non seulement enlève aux particules les plus voisines leur mouvement central, mais encore a bien pu étendre son action retardatrice jusqu’à Mercure, et par suite diminuer considérablement sa vitesse d’impulsion.

L’excentricité est le principal caractère distinctif des comètes. Leur atmosphère et leur queue, qui, aux approches du Soleil, s’épanouissent sous l’action de la chaleur, ne sont que de simples conséquences de cette excentricité, quoique, dans les siècles d’ignorance, le peuple ait voulu lire la prédiction chimérique de l’avenir dans l’apparition inattendue de ces épouvantails célestes. Les astronomes, qui font plus attention aux lois des mouvements des astres