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tinuer à circuler loin du Soleil, et trouver à ces grandes distances l’affaiblissement de leur vitesse de chute nécessaire pour le mouvement circulaire, si elles viennent d’une distance plus grande encore. Les autres, qui, dans la distribution uniforme de la matière du chaos, se trouvaient primitivement plus proches du Soleil, peuvent, sans avoir une densité plus forte, décrire plus près de lui leur révolution circulaire. Et puisque ainsi la position des matériaux par rapport à leur centre d’attraction dépend non seulement de leur poids spécifique, mais encore de la place qu’ils occupaient primitivement dans l’état d’immobilité de la matière, il est aisé de concevoir que des espèces très variées ont pu se réunir à chaque distance du Soleil et y rester. Mais, en général, les matières plus denses se trouveront plutôt autour du centre qu’à une grande distance ; et bien que les planètes soient formées d’un mélange de matières très diverses, pourtant leur densité doit être plus considérable à mesure qu’elles sont plus proches du Soleil, et moindre à mesure que leur distance augmente.

Notre théorie offre donc une explication de cette loi des densités des planètes, beaucoup plus complète et plus rationnelle que les idées que l’on s’est faites ou que l’on pourrait se faire sur l’origine de cette loi. Newton, qui a déterminé par le calcul les densités de quelques planètes, rapportait la cause de leur rapport ordonné suivant la distance à un choix raisonné de la volonté divine dicté par une cause finale : puisque les planètes plus voisines du Soleil reçoivent de lui plus de chaleur, et que les plus éloignées doivent s’accommoder d’un moindre degré de chaleur, il faut, pour qu’elles aient néanmoins la même température, que les planètes plus proches soient plus denses, et les plus éloignées formées d’une matière plus légère. Mais il ne faut pas beaucoup d’attention pour découvrir l’insuffisance d’une pareille explication. Une planète, notre Terre par exemple, est formée de la réunion de matières d’espèces extrêmement variées. Parmi ces matières, il suffirait que les plus légères, celles qui, pour une même action du Soleil, se laissent mieux traverser et mettre en mouvement, dont l’état d’agrégation permet une plus facile action des rayons calorifiques, fussent répandues sur la surface. Mais que le mélange des autres matières, dans la totalité de la masse, dût avoir la même distribution, c’est ce qui n’est pas évident, car le Soleil n’exerce