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énormément celle de cette étoile, les révolutions périodiques de ces étoiles exigeraient un nombre d’années incomparablement plus grand. Il est d’ailleurs bien vraisemblable que le mouvement des soleils du ciel étoilé s’exécute, non autour du Soleil, mais autour d’un centre commun, situé à une distance excessivement grande, ce qui doit rendre encore les déplacements des étoiles énormément plus lents. On peut donc conclure avec beaucoup de vraisemblance que l’intervalle de temps écoulé depuis que l’on fait des observations sur le ciel n’est pas suffisant pour rendre perceptibles les changements qui se produisent dans les positions des étoiles. Il ne faut cependant pas désespérer de les découvrir avec le temps. Il faudra pour cela des observateurs habiles et soigneux, et en outre la comparaison d’observations séparées par un large intervalle de temps. On devra particulièrement diriger ces observations sur les étoiles de la Voie lactée[1], qui est le plan principal des mouvements. M. Bradley a observé des déplacements d’étoiles presque imperceptibles. Les Anciens ont remarqué des étoiles dans des régions du ciel où nous ne les voyons plus, et nous en voyons de nouvelles en d’autres. Qui sait si ce ne sont pas les mêmes astres qui ont changé de place ? L’intérêt d’une pareille étude et la perfection de la science astronomique nous donnent l’espoir fondé de la découverte de si singulières merveilles[2]. Et la vraisemblance du fait en lui-même est si bien démontrée par les lois de la nature et de l’analogie, qu’il ne peut manquer d’exciter la curiosité des astronomes et les inviter à réaliser notre attente.

La Voie lactée est, pour ainsi dire, le zodiaque de ces étoiles nouvelles, qui, là plus fréquemment qu’en aucune autre région du ciel, apparaissent tour à tour et s’évanouissent. Si cette variation de visibilité dépend d’un rapprochement et d’un éloignement périodiques, il ressort bien de la distribution systématique des étoiles que j’admets qu’un pareil phénomène doit se produire le

  1. En même temps sur ces amas où des étoiles nombreuses sont rassemblées dans un petit espace, comme par exemple les Pléiades, qui forment peut-être un petit système au milieu du grand.
  2. De la Hire remarque, dans les Mémoires de l’Académie de Paris pour l’année 1693, que ses propres observations, aussi bien que leur comparaison avec celles de Riccioli, démontrent un changement considérable dans les positions des étoiles des Pléiades.