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La largeur de cette zone lumineuse, qui figure une sorte de bande zodiacale, sera déterminée par les différents degrés d’écart des étoiles égarées de part et d’autre du plan relatif et par l’inclinaison de leurs orbites sur cette même surface. Comme d’ailleurs le plus grand nombre reste au voisinage de ce plan, elles sont de plus en plus rares à mesure qu’on s’en éloigne. Mais les comètes, qui occupent toutes les régions du ciel, couvriront de tous côtés les espaces célestes.

L’aspect du ciel étoilé est donc dû à une distribution systématique des étoiles, qui reproduit en grand ce qu’est en petit notre système planétaire ; l’ensemble des soleils forme un système, dont le plan général est la Voie lactée ; les soleils qui échappent à l’attraction restent à côté de ce plan, ils sont pour cette raison moins condensés, largement dispersés et rares. Ce sont pour ainsi dire les comètes du système stellaire.

Cette nouvelle conception conduit à attribuer aux étoiles un mouvement de progression, et pourtant tout le monde les considère comme immobiles et fixes dans l’espace depuis leur origine. Le nom d’étoiles fixes qu’on leur a donné paraît justifié et mis hors de conteste par l’observation de tous les siècles. Cette objection réduirait à néant tout le système que je viens d’exposer, si elle était fondée. Mais il y a tout lieu de croire que cette immobilité n’est qu’apparente. En réalité, ce n’est qu’une lenteur excessive de mouvement, due à l’immense éloignement du centre commun autour duquel elles tournent, ou rendue imperceptible par suite de la distance au point d’observation. La vraisemblance de cette conception est aisée à vérifier, si l’on calcule le mouvement qu’aurait l’étoile la plus voisine de nous, dans l’hypothèse que notre Soleil soit le centre de son orbite. Si sa distance, d’après Huygens, est plus de 21 000 fois plus grande que celle de la Terre au Soleil, en appliquant la loi connue d’après laquelle les temps des révolutions sont proportionnels aux racines carrées des cubes des distances, on trouve que le temps qu’elle emploierait pour faire une révolution autour du Soleil serait de plus d’un million et demi d’années, et qu’en 4 000 ans elle ne s’éloignerait que d’un degré de sa position primitive. Comme il est sans doute très peu d’étoiles aussi voisines du Soleil que le serait Sirius d’après l’estimation de Huygens, comme la distance du reste de l’armée céleste surpasse peut-être