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pas cependant avoir compris toute la portée et dont il n’a pas su tirer les conséquences fécondes.

Il considérait les étoiles fixes, non comme une fourmilière dispersée sans ordre et sans dessein, mais comme un ensemble d’astres soumis à une organisation systématique et obéissant à une attraction générale vers un plan principal des espaces qu’ils occupent.

Nous allons essayer de perfectionner l’idée qu’il a émise, et de lui donner la forme sous laquelle elle peut devenir féconde en conséquences importantes, dont la vérification complète est réservée d’ailleurs aux temps à venir.

Si l’on jette les yeux sur le ciel étoilé par une nuit bien claire, on y remarque une bande lumineuse, où une multitude d’étoiles, plus condensées que partout ailleurs, se confondent en raison de leur immense éloignement et produisent une blancheur uniforme, à laquelle on a donné le nom de Voie lactée. On est en droit de s’étonner que la vue de cette zone si remarquable du ciel n’ait pas, depuis longtemps, poussé les Astronomes à des réflexions sur la distribution singulière des étoiles. Car on la voit suivre, sans interruption dans sa continuité, la trace d’un grand cercle tout autour du ciel : double condition dans laquelle apparaissent si nettement les indices d’une distribution régulière, où rien n’a été laissé au hasard, qu’ils auraient dû attirer les remarques du Philosophe attentif au spectacle du ciel, et le pousser à en chercher l’explication.

Puisque les étoiles ne sont pas fixées sur la concavité apparente de la sphère céleste, mais se perdent dans les profondeurs du ciel à des distances très différentes du point d’où nous les voyons, le phénomène de la Voie lactée nous apprend qu’aux distances où elles sont les unes derrière les autres, elles ne sont pas semées uniformément dans toutes les directions, mais qu’elles ont une tendance à se masser au voisinage d’un plan déterminé, lequel passe par notre point de vue.

Cette tendance est un phénomène si incontestable, que même les autres étoiles qui ne sont pas comprises dans la bande blanchâtre de la Voie lactée paraissent d’autant plus pressées et ramassées qu’elles sont plus voisines de cette zone ; si bien que des 2 000 étoiles que l’œil nu aperçoit au ciel, la plus grande partie se