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présenteront dans le cours de ma théorie, et de prier le lecteur bienveillant d’en tenir compte dans ses appréciations. On juge volontiers un auteur d’après l’étiquette qu’il imprime sur sa marchandise ; c’est pourquoi j’espère que l’on n’exigera de mes démonstrations qu’une rigueur proportionnée à la valeur que j’attribue moi-même à chaque proposition. D’abord un travail de cette espèce ne peut prétendre à l’exactitude géométrique absolue, ni à l’infaillibilité mathématique. Si les analogies et les concordances sur lesquelles je fonde mon système ne s’écartent pas des règles de la vraisemblance et d’un raisonnement juste, ce système satisfait aux exigences de son but. Je pense avoir atteint ce degré d’exactitude dans plusieurs parties de mon Mémoire, comme la théorie des systèmes d’étoiles, l’hypothèse sur les propriétés des nébuleuses, le plan général de la formation mécanique de l’Univers, la théorie de l’anneau de Saturne, et d’autres encore. Quelques points spéciaux pourront paraître moins bien prouvés, comme par exemple la détermination des rapports des excentricités, la comparaison des masses des planètes, les déviations irrégulières des comètes et plusieurs autres.

Lorsque ensuite, dans le VIIe Chapitre, séduit par la fécondité de mon système et le charme du sujet le plus grandiose et le plus admirable qui puisse s’offrir à nos méditations, toujours guidé d’ailleurs par le fil conducteur de l’analogie et d’une vraisemblance conforme à la raison, je m’enhardis à poursuivre aussi loin que possible les conséquences de mes principes ; lorsque j’expose l’infini de la création, la formation de nouveaux mondes et la fin des mondes anciens, l’étendue illimitée du chaos où la puissance formatrice a exercé son action ; j’espère que le charme ravissant du sujet, la satisfaction que l’on éprouve de voir une théorie concorder avec les faits jusque dans ses dernières conséquences, vaudront à mes aperçus assez d’indulgence pour qu’on ne les juge pas selon les règles d’une rigueur géométrique qui n’a rien à faire dans cette espèce de considérations. Je demande la même bienveillance à l’égard de la troisième Partie. Si l’on n’y trouve pas des vérités certaines, on y trouvera mieux en tout cas que des conjectures arbitraires.