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se présentent sous la forme d’ellipses plus ou moins ouvertes. Je m’assurais aisément que ces astres ne pouvaient être autre chose que des amas de nombreuses étoiles. La rondeur toujours constatée de leur figure m’apprenait que là une immense multitude d’étoiles devaient être groupées autour d’un centre commun ; car, indépendantes les unes des autres, leur amas aurait pris une forme irrégulière et non la figure que l’observation faisait voir. Je comprenais encore que le système qu’elles forment devait être aplati et presque plan, puisque nous lui voyons une forme elliptique et non pas circulaire ; enfin la faiblesse de leur lumière dénotait leur immense éloignement. Quant aux conséquences que j’ai tirées de ces analogies, mon Mémoire les soumet à l’examen du lecteur impartial.

Dans la deuxième Partie, qui contient la portion la plus originale de mon travail, j’essaye de démontrer, à l’aide des seules lois de la Mécanique, comment l’univers a pu sortir de la matière primitive réduite à son état le plus simple. Je me permettrai de conseiller aux personnes qui s’effrayent de l’audace de mon entreprise de suivre un ordre déterminé dans l’examen dont elles voudront bien honorer mon Mémoire ; et je les prie de parcourir d’abord le VIIIe Chapitre ; cette lecture, je l’espère, prédisposera leur esprit à

    Ouvrage un catalogue de ces nébuleuses d’après Hévélius. Il les considère comme de grandes masses de lumière, qui ont été aplaties par une puissante rotation. Si la matière dont elles sont formées possédait le même pouvoir éclairant que les étoiles, il faudrait que leur grosseur fut énorme par rapport à la leur, pour que, malgré leur éloignement beaucoup plus grand, que fait voir la diminution de leur lumière, on les voie au télescope avec grandeur et figure. Si on les suppose d’une grosseur égale à celle des étoiles, il faut que la matière qui les forme soit moins lumineuse et qu’elles soient infiniment plus proches de nous, pour que nous les puissions voir avec une grandeur sensible. Cela vaudrait donc la peine de chercher à déterminer leur parallaxe, dans le cas où elles en auraient une. Car ce n’est peut-être que par un trop petit nombre d’astres observés qu’on a désespéré de la parallaxe des autres. Les petites étoiles que l’on rencontre sur ces taches comme dans Orion (ou mieux dans celle du pied droit d’Antinoüs, qui apparaît comme une étoile entourée d’une nébulosité), si elles sont proches de nous, seraient vues projetées sur le disque de ces astres ; si elles le sont moins, nous voyons les étoiles à travers comme on les voit à travers les queues des comètes. »

    [Ces lignes sont extraites du Discours sur les différentes figures des astres par M. de Maupertuis, Chap. VI, p. 104 à 114. J’ai reproduit le texte de M. de Maupertuis, dont celui de Kant ne s’écarte d’ailleurs que dans les limites d’une traduction. (Note du Traducteur.)]