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matière en un point sous l’action combinée de l’affinité chimique et de la gravitation. Mais, depuis Laplace, ce sont des anneaux de matière nébuleuse qui, par leur dislocation, ont formé les planètes. Que ces anneaux soient extérieurs ou intérieurs, peu importe : nous sommes aujourd’hui absolument impuissants à expliquer comment, dans un temps moindre que la durée totale du système solaire, la majeure partie de la matière d’un de ces anneaux a pu se concentrer en un globe unique.

Enfin, nous ne faisons qu’entrevoir les causes qui ont modifié pendant la formation des planètes l’unité primitive de leurs plans de révolution et des directions de leurs axes de rotation.

L’hypothèse cosmogonique nébulaire, que les Ouvrages de vulgarisation scientifique ont le tort de présenter trop souvent comme une donnée acquise et fondamentale de l’Astronomie, se réduit en définitive à des conjectures auxquelles nous ne pouvons donner aujourd’hui aucune base absolument sérieuse. Mais l’esprit humain est ainsi fait qu’il a besoin d’une solution, quelle qu’elle soit, de ces grands problèmes qui intéressent le passé et l’avenir du monde ; et c’est ce qui explique l’engouement du public pour les hypothèses cosmogoniques, bien qu’il n’en puisse pas saisir le fort et le faible.

Tel est l’attrait de ces spéculations sur l’origine des mondes, que les plus grands esprits de tous les temps n’ont pas dédaigné d’y arrêter leurs méditations et d’en chercher une solution d’après les idées scientifiques de leur époque. M. Faye a donné, dans son Livre Sur l’origine du monde, les résumés des hypothèses cosmogoniques des anciens philosophes. Celle de Kant est la première en date qui rentrait dans le cadre que je me suis tracé. À lui revient l’honneur d’avoir introduit l’idée d’un chaos nébuleux, d’où un développement purement mécanique fait sortir l’univers avec sa magnifique ordonnance et son admirable régularité, en vertu de lois préétablies par la souveraine sagesse du Créateur. J’ai montré en quoi l’idée de Kant diffère essentiellement de celle de Laplace, qui, d’ailleurs, ne paraît pas avoir eu connaissance du Mémoire du philosophe allemand. Mais la querelle, souvent réveillée en Allemagne, des droits respectifs de ces deux grands esprits, ne peut