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limite : je ne crois pas qu’il soit parvenu à satisfaire les géologues. M. Darwin, de son côté, prend la Terre à une époque où elle était déjà fortement condensée et presque arrivée au commencement des périodes géologiques, et il vient se buter à la même difficulté. Si les exigences des géologues sont justifiées, si le frottement des marées, tel que l’introduit M. Darwin, est la cause réelle de l’état actuel du système terrestre, c’est la base même de l’hypothèse nébulaire qu’il faut modifier ; ou plutôt, il faut attendre du temps et des investigations futures la réconciliation de théories en apparence aujourd’hui contradictoires.

Telle me paraît être la pensée de l’éminent analyste anglais : « Mes recherches, dit-il, n’apportent aucune raison de rejeter l’hypothèse nébulaire ; mais, tout en conservant les traits principaux de cette théorie, elles y introduisent des modifications d’une importance considérable. Le frottement des marées est une cause de changement dont la théorie de Laplace n’a point tenu compte, et bien que l’activité de cette cause doive être regardée comme appartenant plus spécialement à une époque ultérieure aux événements décrits dans l’hypothèse nébulaire, cependant son influence a été de grande importance, et même dans le cas de la Lune d’une importance prépondérante, dans la détermination de l’état présent des planètes et de leurs satellites (On the tidal friction of a planet attended by several satellites, etc., p. 535) ».

Cette action des marées, assez puissante pour faire naître de nouveaux astres à l’époque de fluidité des planètes, persiste encore aujourd’hui au moins sur la partie encore liquide de ces corps, et, quoique bien affaiblie, doit modifier lentement l’état du système tout entier. Il nous reste à examiner, dans un dernier Chapitre, à la lumière de ces données nouvelles, ce qu’il adviendra, dans la suite des temps, de notre système planétaire.