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nécessité d’une rotation rétrograde des planètes, sont toutes aisément levées. Je montre en effet comment une nébuleuse planétaire, quel que soit à l’origine le sens de son mouvement de rotation, est nécessairement amenée, par l’action des marées solaires, à tourner dans le sens direct, avant sa formation définitive et complète ; théorème qui était en germe, on doit le reconnaître, dans l’exposé très succinct que Laplace a fait de son hypothèse, puisque c’est par l’action des marées qu’il a expliqué le mode de rotation de la Lune.

Il ne reste debout, contre l’hypothèse de notre grand géomètre, que les objections qui s’élèvent, il faut le dire, contre toute théorie qui considère l’état nébuleux comme l’état primitif de la matière. Sans doute, ainsi que le dit Kant, à qui revient d’avoir, le premier, considéré le chaos sorti des mains du Créateur comme comprenant à l’état de dissociation et de diffusion extrêmes tous les éléments des mondes futurs, cet état est le plus simple et le plus rationnel sous lequel on puisse se figurer la matière primitive. Mais il n’en est pas moins vrai qu’il en résulte des difficultés que la Science n’a pu encore toutes écarter, de quelque manière que l’on conçoive l’action des forces mécaniques pour faire sortir de là le monde actuel.

Une de ces difficultés a été introduite par W. Herschel, lorsqu’il a voulu voir dans les nébuleuses planétaires, dont le télescope lui avait révélé l’existence, la représentation actuelle et effective de l’état primitif d’un monde. À sa suite, Laplace et tous les astronomes ont adopté cette idée grandiose que nous avons encore là, sous nos yeux, des mondes en voie de formation ; et que, par conséquent, l’état originel du système solaire devait être assimilé à celui de ces nébuleuses. « Dans l’état primitif où nous supposons le Soleil, a dit Laplace, il ressemblait aux nébuleuses que le télescope nous montre composées d’un noyau plus ou moins brillant, entouré d’une nébulosité qui, en se condensant à la surface du noyau, le transforme en étoile. » M. Faye, dans la première édition de son beau Livre Sur l’origine du monde, adoptait la même idée. J’ai montré que les nébuleuses planétaires ne peuvent être considérées,