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CHAPITRE iv

Le xviie siècle


Les femmes sur la scène. — La fête de Vaux. — La Champmeslé et la Du Parc. — Mlle de Maupin. — Jeux de princes.

Avec le dix-septième siècle, nous abordons la grande époque du théâtre français ; celui-ci se dégage enfin de ses limbes, et dès 1636, date mémorable de la première représentation du Cid, s’affirme comme une des plus belles manifestations de l’esprit humain.

Bien souvent on a décrit la mise en scène singulière des tragédies et comédies classiques, le costume conventionnel des personnages, la simplicité de la décoration, accentués encore par la loi de l’unité de lieu, enfin, l’encombrement de la scène par les ayants droit, c’est-à-dire par les gentilshommes qui dédaignaient les loges et le parterre. Aussi bien, Coquelin dans le premier acte de Cyrano de Bergerac a reconstitué très exactement la physionomie de l’Hôtel de Bourgogne, au dix-septième siècle.

Ce qu’on sait moins, c’est le rôle qui était dévolu aux actrices, et le parti qu’elles tiraient de leur plastique. Les actrices n’existaient point avant cette époque ; les femmes qui figuraient dans les tableaux vivants du seizième siècle ou dans les Mystère du moyen âge, étaient des artistes amateurs, et souvent leurs rôles étaient tenus par de jeunes hommes travestis et même décolletés.

« Enfin, Corneille vint » et, avec lui, les actrices. Celles-ci étaient toujours en nombre insuffisant, au point que, sous Louis xiii, certains rôles féminins, les nourrices, étaient encore joués par des acteurs.

Le manque d’actrices sur nos théâtres, écrivait Corneille, avait conservé jusqu’alors ce personnage de la vieille comédie (la nourrice) afin qu’un homme le pût représenter sous le masque. C’était l’acteur Alizon qui avait cette spécialité singulière ; il tint à l’Hôtel de Bourgogne, les rôles de nourrice, confidente, suivante, jusqu’en 1634 ; il parut ainsi dans les deux premières pièces de Corneille,