Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
la mise en scène au xve et au xvie siècles

L’entrée de Louis xi, en 1381, ne fut pas moins brillante ; cette fois elle comportait des femmes nues, au dire de Jean de Troyes.

« À la fontaine du Ponceau, étoient hommes et femmes sauvages quise combattoient el faisoient plusieurs contenances ; et s’y y avoit encore trois belles filles faisant personnages de Syraines toutes nues, et leur voioit on leur beau tetin droit séparé rond et dur qui étoit chose bien plaisant ; et disoient de petits motets et bergerettes. Un peu au-dessous à l’endroit de la Trintlé y avoit une Passion par personnages ; et sans parler, Dieu étendu en la croix et les deux Larrons, à dextre et à senestre. »

Un panneau de M. Tattegrain, à l’Hôtel de Ville, reconstitue la scène des « trois bien belles filles en syraines » (fig. 31).


Fig. 31. — Fragment de l’Entrée de Louis xi à Paris : les trois « syraines » montrent plus que « le tetin droit ».

L’entrée de François ier, en, 1516, ne présenta pas ce mélange hétéroclite de sacré et de profane, de chrétien et de païen. Cette fois l’allégorie est purement mythologique, mais d’un scabreux très rabelaisien ; on ne voit pas très bien aujourd’hui un arc de triomphe, dressé pour une réception présidentielle, surmonté d’un Bacchus, et orné d’un cep de vigne auprès duquel le patriarche Noé endormi montrerait… ce que la bienséance commande de tenir caché ; le quatrain suivant expliquait ce symbole réaliste :

Malgré Bacchus, à tout son chef cornu,
Or son verjust me sembla si nouveau,
Que le fumet m’en monta au cerveau,
Et m’endormit les c… tout à nu.

D’autres fois, l’entrée royale ou princière s’agrémente d’une représentation dramatique, d’un mystère ; ce fut le cas en 1468, quand Charles le Téméraire entra dans Lille : on lui offrit le Mystère de Pâris, renouvelé encore de l’antiquité.