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ASIE — JAPON — NIKKO — LE FUDJIYAMA

Elles ont dansé dans un Yoshiwara, établissement de plaisir situé sur la rue principale. Le festival s’est ouvert à 8 heures 30 p.m.

En entrant, nos chaussures ont été recouvertes des babouches obligatoires et nous sommes montés au premier. Les karakami, qui séparent les deux pièces principales, avaient été glissés dans les murs pour n’en former qu’une seule ; au fond, les musiciennes, artistes du shamisen et du tambourin (taiko). Ouverture de chant et de musique ; puis tour à tour, les danses dites des prêtres, des feuilles d’érable, des moissons, du parasol, de l’éventail et des masques. Les danses du parasol et de l’éventail en valaient la peine ; elles sont très gracieuses, les danseuses, et tout à fait à la hauteur de leur réputation. La représentation terminée, les geishas sont venues causer avec nous. Les toilettes de nos compagnes, leurs bijoux surtout, faisaient leur admiration. Elles palpaient l’étoffe de leurs robes et de leurs manteaux et ne pouvaient détacher leurs yeux de leurs bijoux. Elles sont jolies, bien élevées, enjouées et d’une tenue above reproach, mais un peu enfants. Les quatre ainées paraissaient avoir vingt ans, et deux d’entre elles à peine douze à treize.

Nos « sièges réservés » consistaient en coussins de soie jetés sur le parquet ; des hibashis, du thé et des bonbons ; aussi deux fauteuils pour ceux de ces messieurs dont la souplesse rebelle ne leur permettait pas de s’asseoir sur les talons.

À 10 heures nous rentrons à notre hôtel ; nous avions vu danser les célèbres geishas.

Dans la matinée, nous prenons le train à destination de Kamakura ; court arrêt, à midi, à la gare de Tokio pour le lunch. À 3 heures 30, arrivée à Kamakura, nous nous enregistrons à l’hôtel Kahin, sur le bord de la mer, une plage magnifique que nous parcourons au coucher du soleil. La pluie intermittente, qui gâte un peu le plaisir depuis deux jours, a cessé ; les pronostics annoncent un beau jour pour demain ; que Bouddha nous soit propice !