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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

miroir et incrusté de cuivre, il est courbé, voûté comme tous les ponts du Japon. Il doit avoir cent pieds de longueur.

Les étrangers ne sont pas molestés lorsqu’ils visitent les temples, mais ils doivent s’y tenir respectueusement. La simple bienséance et la bonne tenue des assistants invitent, du reste, au respect. Les règlements de ces temples sont plus sévères ici que partout ailleurs ; Nikko est la Mecque du bouddhisme au Japon.

Il y a des prêtresses à ces temples dédiés à Shinto ; l’une d’elles, âgée de plus de quatre-vingts ans, a dansé pour nous. Les prêtres et les prêtresses sont vêtus de robes blanches. Sambutsudo est le sanctum sanctorum des trois Bouddhas en bronze doré, reposant sur des fleurs de lotus ; à gauche du sanctuaire, s’élève le beffroi dont le bourdon sonne toutes les heures, lentement, lentement comme le bourdon de Notre-Dame pour les glas. Je l’entends distinctement au moment où j’écris ces lignes. Tout près, est la Sorinto, élégante colonne en bronze ornementée d’arabesques d’or ; le temps l’a noircie.

Un peu plus loin, la grande pagode à cinq étages, de cent cinq pieds de hauteur, richement décorée de couleurs qui s’harmonisent à merveille ; au premier étage, se dessinent en guirlande, les signes du zodiaque chinois. De cet endroit, une promenade de quarante verges conduit à la porte dite des deux rois, le Nio-mon ; on y voit des reliques des shoguns et un monument élevé en 1915, à l’occasion du trois centième anniversaire de la naissance ou de la mort de Iyeyasu ; aussi, le Huta-ara, sanctuaire dédié au dieu Onamuji.

Dans un des enfoncements reculés de la chapelle se trouve la lanterne de bronze, le Bakermono-Toro qui, autrefois, se transformait en démon et faisait, dans les nuits sans lune, le diable à quatre aux paisibles habitants de la localité, jusqu’à ce qu’un brave parmi les plus braves, eût transpercé ce monstre de son épée. Le glaive surmonte maintenant la lanterne. Merci, brave homme ! Grâce à toi, je dors tranquille.