Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
ASIE — JAPON — NIKKO — LE FUDJIYAMA

J’ai vu planter des champs immenses d’orge dans des sillons creusés à la houe.

Il est pénible de voir tout ce monde, hommes, femmes et enfants à l’ouvrage dans l’eau, dans la boue jusqu’aux genoux. La terre est ameublie à la main au moyen de houes dont le fer de deux ou trois pieds de longueur atteint le sol profondément. Un cultivateur sur dix possède un cheval. Tout se transporte à dos d’homme, quelles que soient les distances : cent milles et plus.

La culture maraîchère est très en honneur : tomates, oignons, radis blancs d’un pied de longueur, laitue, choux et une infinité d’autres.

Cinq heures durant, en chemin de fer, nous avons traversé ces cultures à perte de vue. Il n’est pas rare de voir des champs de cent arpents plantés à la main ; c’est dire que la main-d’œuvre doit être bon marché. Autour des petits carrés de riz, se dressent des haies de bambous sur lesquelles les javelles sont enfourchées pour le séchage.

La maison, à la campagne, ressemble à celle de la ville : toit de chaume, de tuiles, de tôle. Les cloisons sont en papier collé sur des châssis glissants (karakami), entrant les uns dans les autres, de façon à transformer, au besoin, la maison en une seule pièce. La maison est généralement entourée d’un perron fermé par des panneaux en grille. Comme l’on vit par terre, les carreaux, qui laissent pénétrer la lumière, sont posés à deux pieds du plancher, afin que les occupants puissent voir au dehors. Le soir, le mur d’enceinte en pierre, en bois ou quelquefois en branches, paille ou bambou, est barricadé. La porte d’entrée, à l’intérieur, est une grille tellement ténue qu’un faible coup d’épaule l’enfoncerait aisément ; on se croit cependant bien protégé et en sûreté.

Toutes les routes sont en gravier, assez belles, mais étroites ; il en est ainsi, dans les villes où l’asphalte est à peu près inconnu ; cependant les rues nouvelles s’ouvrent très larges, mais toujours en gravier ; c’est du moins ce que j’ai constaté jusqu’à présent.