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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

une flûte en bambou, de dix-huit pouces de longueur et d’environ deux pouces et demi de diamètre, troué comme une clarinette, mais sans clef ; il s’appelle shaku-haski ; l’autre, une boîte de six pieds de longueur par un pied de largeur et trois pouces de hauteur, légèrement recourbée dans le sens de la longueur, et sur laquelle sont tendues une dizaine de cordes, s’appelle le koto ; les cordes sont pincées comme la harpe et rendent un son qui rappelle la mandoline, mais plus saccadé ; le troisième, qui a la forme d’un petit banjo à trois cordes, et dont on joue comme tel, a nom shamisen. Le shaku-haski a le velouté de la flûte, des notes champêtres. L’air exécuté par cet instrument rappelle un peu le Ranz des vaches de Fribourg, de l’opéra de Guillaume Tell. L’ensemble est original et agréable, surtout attrayant par la nouveauté. Ce sont des artistes consommés qui exécutent. Le maniement de ces instruments est très difficile. Nous en avons connu quelque chose à bord où deux amateurs nous ont donné de véritables coliques avec deux de ces bambous ; tant il est vrai que c’est le musicien qui fait l’instrument.

La réception a duré plus d’une heure, et nous nous sommes retirés charmés.

Les trois jeunes filles, qui ont servi le premier thé, sont les princesses Asano. Le prince est marié, et père de trois jolies petites poupées âgées de trois à sept ans ; elles nous ont gentiment donné la main, et souhaité l’au revoir en langue anglaise.

Nous sommes entrés à l’hôtel un peu fatigués. Bien remplie notre première journée en ce doux pays.

Dans la soirée, en jinricksha, promenade dans la rue des bazars et des théâtres. À 10 heures 30, nous reposons dans de bons lits et oublions la mer qui nous a tendrement bercés durant dix-huit jours, mais dont nous sommes un peu fatigués. Nous éprouvons la sensation que nous venons d’aborder dans un pays de choses neuves, étranges, merveilleuses. Le Japon a déjà dépassé nos espérances, et réalisé plus que notre imagination n’avait rêvé.