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nous nous adressons aux postes françaises. Dans la plupart des pays d’Orient, les gouvernements de l’Europe ont leur système postal, celui des indigènes n’étant pas sûr.

27 mai — À quatre heures nous quittons Smyrne et jetons un dernier coup d’œil sur ses quais longs de quatre kilomètres, sur le petit tramway qu’un cheval haie péniblement, sur la mer qui bat la jetée, sur les cafés remplis d’une foule bigarrée et élégante en son genre, sur le panorama qui rappelle ceux d’Alger, de Lisbonne et de Naples, sur le sommet du Pagus et les ruines du château de l’Acropole.

Nous laissons derrière nous les îles Cyclades et Sporades, Sanios, Chios, Kos, Ikarios, Andros, Tinos, Naxos, les villes de Hieronida (Didymes), Priène, Hieropolis, Milet et Ephèse, regrettant de ne pouvoir visiter tous ces lieux célèbres que les classiques ont chantés, et dont ils ont transmis l’histoire, la poésie, à travers les siècles jusqu’à nos jours. À notre droite, se dessinent les rivages, les plaines et les montagnes de la Caramanie. Un peu d’orientation nous indique Angora, au nord-est ; à l’est : la Grèce ; au nord : la Turquie, les Dardanelles, la mer de Marmara, Constantinople, le Bosphore et la mer Noire.

Sur le soir, nous sommes en vue de Mitylène, l’ancienne Lesbos. Au fond du golfe, les ruines d’Halicarnasse, patrie d’Hérodote et de Denys. Cette mer Égée est toute l’antiquité grecque ; voici, sur la droite, Troie et ses neuf époques dont les ruines nous font suivre la trace jusqu’aux temps préhistoriques et nous rappellent Hector, Achille, Agamemnon, Ajax et la belle Hélène.


« … Amour, tu perdis Troie ! »


Comme au temps d’Homère, les navires jettent l’ancre dans la baie ; les voiliers y cherchent un refuge sûr contre les tempêtes : Sotto Troia, sous Troie, comme disent les marins.

28 mai — Le détroit des Dardanelles est le fameux Hellespont des anciens.