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jusqu’ici. À cinquante ou soixante milles et plus, à l’intérieur, se trouvent Damas, Alep, Ba’albeck et Palmyre, avec leurs ruines fameuses, entre autres les temples de Jupiter, du Soleil et l’Acropole. Nous sommes à la frontière de la Syrie et de la Séleucie. Le mont Taurus apparaît comme fond de scène et ses ramifications entourent le port, le plus grand de la Syrie. Cette ville fut fondée par Alexandre le Grand, au commencement du quatrième siècle, probablement après la bataille d’issus. Elle devait servir de point de départ aux caravanes qui se dirigeaient vers l’intérieur de la Mésopotamie, sur Mossoul et Bagdad.

Nous partons vers midi. La scène est des plus pittoresques ; la mer est douce et d’une transparence qui nous permet de voir le fond à une grande profondeur.

19 mai — À 7 heures a.m., nous abordons à Mersine, ville très caractéristique, d’une vingtaine de mille habitants. En une heure, nous la parcourons. Nous visitons le palais (?) de l’administration française qui exerce maintenant le protectorat. Ce territoire est encore en guerre. Depuis l’armistice, les Grecs et les Turcs, sous la direction de Mustapha-Kémal, le généralissime du sultan de Constantinople, Méhémet VI, se disputent ce territoire et l’Anatolie. La ville est entourée de tranchées qu’occupent les troupes françaises. Nous sommes reçus à la Banque Ottomane par le directeur, M. Pandelidès, qui a l’amabilité de nous changer cinquante livres égyptiennes pour vingt-huit mille six cent trente-huit piastres turques. Je n’ai jamais eu tant de papier-monnaie dans mes goussets ; gonflés comme des outres, ils menacent d’éclater.

Tarse, la patrie de saint Paul, et Adana sont à soixante-sept kilomètres de cette ville. C’est à ce dernier endroit qu’eut lieu, en 1909, le terrible massacre de Chrétiens par les Turcs. L’état de guerre actuel a ralenti l’ardeur du fanatisme turc et des persécutions ; elles recommenceront bientôt.