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D’un côté, un verger d’arbres vert foncé, qu’à défaut d’indication précise, nous prenons pour des mangoustiers submergés jusqu’au feuillage ; de l’autre, couchées sur le flanc, de vieilles carènes défoncées trempent leurs carcasses dans les flots saumâtres. Des Hindous, noirs comme bronze, prennent leurs ébats sur une épave.

Alertes, nous sautons sur la jetée et montons un escalier de rudes blocs granitiques qui conduit au kiosque du gardien de la grotte. Taux de péage : quatre roupies par personne. À quelques pas plus loin, dans le flanc de la montagne, une large ouverture coupée par deux pilastres à chapiteaux redoublés et cannelés supportent le plafond qui est le rocher lui-même ; à côté, des débris de colonnes du même style.

Nous entrons dans un temple souterrain, creusé dans le roc vif, et dont la salle principale mesure près de cent vingt-cinq pieds de côté. D’énormes piliers supportent la voûte qui s’élève à vingt pieds. Sur les parois, des statues colossales de Brahma, Vichnou et Siva, la Trimourti, la trinité hindoue, donnent à ce séjour un aspect solennel et impressionnant. Malgré les déprédations et les mutilations pratiquées par les Portugais qui, lors de l’occupation de ce territoire, dans leur fureur de destruction inspirée par le fanatisme religieux, se sont livrés au plus révoltant vandalisme, ce temple est encore intéressant. Deux salles latérales contiennent des bas-reliefs de divinités, telles que cobras, singes, éléphants, gigantesques statues adossées au rocher et s’incorporant avec lui, profondément et artistiquement taillées. Dans plusieurs salles latérales, d’énormes lingams noirs indiquent bien que ce temple a été consacré à Siva. Kali, la déesse du mal, y brandit aussi ses quatre bras menaçants, vous fixe de ses regards terribles et de sa face en courroux. Deux lions gardent l’escalier de la salle de gauche. Dans une cour à ciel ouvert, sous l’enfoncement du roc, un petit étang d’eau verte, transparente comme du cristal, ne tarit et ne diminue jamais, quelle que soit la quantité d’eau qu’on y puise. Cette source, prétendent les Hindous,