Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la récente visite du duc de Connaught, et nous traversons une ville de milliers de tentes sous lesquelles vivent les troupes de Sa Majesté Britannique.

Par le train express nous arrivons à Jeypour à 7 heures 15 p.m., après un retard d’une heure. Nous redoutions la chaleur, vu que notre direction était en droite ligne vers le sud, mais nous fûmes agréablement surpris de constater, à la fin de la journée, que l’élévation dans la chaîne des montagnes et un bon vent de l’ouest avaient maintenu l’atmosphère à un degré plaisant. À certains endroits le sol était encore humide de la pluie bienfaisante d’un orage récent. La campagne, desséchée dans certaines régions, est verte ailleurs. Les blés et les orges commencent à mûrir. Des champs immenses sont peuplés de moissonneurs, hommes, femmes et enfants, qui coupent à la serpe et à la faucille, comme au bon vieux temps, chez nous. Les javelles, reliées en grosses gerbes, sont portées sur la tête jusqu’à l’aire en terre battue où des bœufs aux pieds ferrés tournent et broient les épis qui sont ensuite vannés au vent du ciel. La récolte a bonne apparence. Les moissons s’étendent à perte de vue, sans clôtures ; des bornes de pierre, des tranchées d’irrigation, des arbres, des taillis, des haies vives les séparent les unes des autres.

Il y a beaucoup d’arbres aux Indes, mais, à part les flancs des monts himalayens, nous n’avons pas encore traversé, à proprement parler, de véritables forêts, la jongle enfin. Les arbres sont plantés un peu partout au besoin de l’ombre, pour protéger hommes et troupeaux contre les ardeurs du soleil. Çà et là des touffes de hautes herbes, des pampas, qui servent à fabriquer des balais, des paniers, des éventails, des nattes.

Partout paissent de beaux troupeaux de moutons, de chèvres, de zébus, bœufs à bosse très prononcée sur les épaules et aux cornes renversées, de carabaos, de moutons du Cachemire à protubérance caudale et charnue. Cet appendice prend des proportions telles qu’il traîne par terre, au point que la pauvre bête a peine à marcher.