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tenait Nadir-Shah pendant le massacre des habitants de Delhi. Cent mille personnes de tout sexe et de tout âge avaient déjà été égorgées lorsqu’il envoya l’ordre de cesser le carnage.

« Un siècle et demi nous sépare à peine de cette sinistre époque qui n’a été qu’un épisode dans l’histoire de Delhi, ville tant de fois détruite, rebâtie, saccagée de nouveau et reconstruite sur un autre emplacement que ces ruines couvrent aujourd’hui, un espace de vingt-six kilomètres de long sur dix de large, et où on y retrouve les traces de neuf cités distinctes.

« L’heureuse situation de la Rome indienne sur les bords de la Jumna, au point de jonction des routes commerciales qui unissent les plateaux de l’Asie centrale aux riches provinces de l’Hindoustan, en a fait de tout temps une place de la plus haute importance, désignée naturellement, par ses richesses et l’industrie de ses habitants, à l’avidité des conquérants du Nord.

« L’antique dynastie des souverains hindous fut remplacée à la fin du douzième siècle par les princes afghans. En 1398, Tamerlan prit Delhi et la pilla. Déchue de son rang de capitale sous les premiers empereurs mogols, elle ne redevint florissante que sous le règne de Shah-Jehan, qui y transporta sa résidence et la releva de ses ruines…

« La ville actuelle ne date que de deux cent cinquante années. En 1803, les Anglais s’en emparèrent ainsi que de son territoire, et le grand Mogol ne fut plus qu’un souverain nominal, recevant une pension de la Compagnie (des Indes).

« En 1857, les Cipayes révoltés se réunissent à Delhi et proclament le rétablissement de l’Empire. Quatre mille soldats anglais se présentent devant la place, défendue par une armée dix fois supérieure en nombre. Les troupes européennes, bien que décimées par le choléra, entreprennent le siège de la ville, et, assiégées elles-mêmes, résistent héroïquement pendant trois mois, qui ne furent qu’une longue suite d’engagements meurtriers. Dans le courant