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les Anglais depuis la Mutinerie des Cipayes. Cette ville fut, en 1732, choisie par le fondateur du royaume de l’Oudh, Sadat Khan, pour en être la capitale ; il en fit sa résidence, préférant cette partie du Bengale où le climat est plus sec que dans tout le reste de la province. Hindou à son origine, ce royaume se transforma successivement en principauté (nabab), en province avec grand vizir, sous la protection de la couronne britannique, en royaume mahométan, et finalement, en province hindoue-anglaise.

Ses rues sont très larges et pavées d’une sorte de macadam appelé metalled road qui tient le milieu entre le macadam proprement dit et la route de gravier. Les monuments sont si nombreux que je renonce à les décrire et même à les énumérer.

L’Angleterre conserve avec un soin jaloux les édifices, les portes monumentales, les forts, les murs que les canons des rebelles ont démolis en partie ou mutilés. Ces glorieuses blessures redisent les hauts faits d’armes du 32e Régiment et la défense héroïque dirigée par sir Henry Lawrence, les commandants Havelock, Inglis, et tant d’autres héros qui ont opposé à l’insurrection un courage et une bravoure dont les annales militaires des temps modernes n’offrent pas de plus bel exemple. C’est cette célèbre défense qui a conservé l’Inde à la Couronne britannique et l’a sauvée de la barbarie, quoi qu’on en dise. Il faut visiter ce pays pour comprendre le rôle civilisateur et vraiment humanitaire que remplit l’Angleterre, rôle qui est peu connu chez nous et que ceux qui l’ignorent, seuls, se mêlent d’apprécier à rebours et de bien mal juger.

Sur la tour de la Résidence bat, sans interruption depuis 1857, le drapeau anglais ; et il y battra tant et aussi longtemps qu’il y aura un Anglais aux Indes !

Les terribles massacres de la mutinerie sont encore si vivaces que l’on éprouve encore aujourd’hui de l’angoisse, de l’émotion, du respect et de la vénération en parcourant ces lieux, car :