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sur la façon dont les Anglais laissent les indigènes libres dans la pratique d’une religion qui répugne, et dans leur manière de vivre, parfois dégoûtante. Parlant de la femme, et comparant sa triste condition avec celle de l’américaine par trop émancipée, il posa la question : « Pourquoi l’Angleterre laissait-elle ainsi libre d’agir la femme indigène ? » — « Because it is her country, sir », — riposta vivement l’Anglaise. Le mot est juste, et résume bien toute la politique de l’Angleterre vis-à-vis ses colonies.

5 mars — Nous parcourons la petite ville de Darjeeling, et la campagne environnante. Les routes sont bordées de bambous le long desquels flottent des chiffons : ce sont des prières. Ces chiffons sont attachés par les dévots, un peu partout : aux branches d’arbres, aux clôtures, aux rochers. Il y en a de toutes les couleurs.

Une expédition pour escalader le mont Everest vient de s’organiser à Londres.

Nombre d’explorateurs intrépides ont tenté de gravir le mont Everest, dont la tête, couverte de neiges éternelles, domine les crêtes altières de la chaîne de l’Himalaya qui sépare l’Asie septentrionale de l’Hindoustan, mais aucun d’eux n’a pu encore en atteindre le sommet. Cette expédition, la première du genre sous le haut patronage de sir Francis Younghusband, président de la Royal Geographical Society, et sir Martin Sonway, vice-président du British Alpine Club, sera-t-elle plus heureuse ? Elle devra battre tous les records des ascensions du passé, lesquelles ont dû rebrousser chemin à quelques cents pieds du terme si convoité, après avoir fait des efforts inouïs d’endurance et épuisé les plus ingénieuses ressources de la science. L’obstacle le plus difficile à renverser n’est pas tant celui que présente l’abrupte déclivité du mont, que l’atmosphère dont la raréfaction s’accentue à chaque pas dans la rude et épuisante montée. L’air manquant à la respiration, la résistance physique se paralyse et le cœur menace de cesser de battre. C’est ainsi que l’on explique le fatal dénouement de l’ascension