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mes jours de collège, combien je vous regrette ! Si jeunesse savait ! Mais on ne peut tout retenir, tout conserver. L’oubli a quelquefois du bon ; il faut bien que cette pauvre tête se repose et que la mémoire ne soit pas toujours chargée.

Si je pouvais apporter avec moi une tranche du beau soleil des tropiques, comme je l’utiliserais avec avantage, durant les jours froids et sombres qu’il fait au pays, en ce mois de février, trop court ici, trop long là-bas ! Que nous réserve mars qui commence demain ?

1er mars — Au petit jour, le lourd grincement de la chaîne de l’ancre dans les écubiers nous fait sursauter dans nos couchettes. Nous repartons pour remonter l’Hougly, l’une des rivières les plus serpentines que j’aie encore explorées. Au-dessus de la forêt de palmiers qui couvre la plaine et ombrage les bords de la rivière, défilent en tous sens les mâtures des bateaux qui nous précèdent. À droite, à gauche, des mâts penchés et des cheminées inclinées comme des tours de Pise marquent des sinistres, les tombes humides où reposent les victimes du fleuve sacré. La végétation, les kampongs de paille et de feuilles, les sampans rappellent Java. À tribord, on signale le palais, les dépendances, le harem du feu roi de l’Oudh, restes d’une splendeur disparue baignant leurs fondations dans la boue de l’Hougly ! C’est maintenant une fabrique de jute. Sic transit gloria mundi.

À 7 heures p.m., nous mettons le pied sur la terre des Indes.