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Les voitures de place, à quatre roues et persiennes closes, de couleur brun acajou, ont l’apparence de chariots de cirques. Les bœufs et quelques rares chevaux tirent dans les timons.

Le coup de poignard dans le dos met fin à bien des querelles, et le vol n’est pas inconnu en Birmanie. Notre navire conduit à Calcutta un indigène de Rangoon, les menottes aux mains et enchaîné à son bagage. Il a joué du couteau.

Six femmes, complètement voilées par le yakmak, long vêtement blanc, qui leur couvre tout le corps et ne laisse voir que les yeux, par deux trous grillagés, accompagnent leur unique époux. Ce sont les premières du genre que nous voyons en Orient. Elles ne peuvent marcher sans être conduites par la main, les pauvres ! Ce n’est pas facile ni prudent de flirter avec ces dames, si j’en crois ce que nous raconte la femme d’un officier qui fait le voyage avec nous.

Nous avons visité la Birmanie dans la meilleure saison, la saison sèche. Lorsque la pluie commence à tomber, ce pays devient une véritable étuve ; en quelques heures, une mousse verte croît sur votre linge et vos chaussures qu’il faut faire sécher au feu du fourneau ; l’air et le vent ne suffisent pas.

Nous revenons au bateau où nous sommes accueillis à bras ouverts par les officiers dont nous nous sommes faits des amis. L’un d’eux, M. D… R…, a reçu une partie de son éducation en France, à Elbeuf, près Rouen. Il parle bien le français, malgré que, depuis sept ans, il n’ait eu l’occasion de ne le parler que quatre fois, me dit-il. Il a lu beaucoup d’ouvrages français ; il nous en prête quelques-uns. C’est un causeur intéressant, très aimable et très gai… pour un Écossais. Nous passons d’agréables quarts d’heure ensemble.

Le soleil baisse à l’horizon ; les pointes aiguës des pagodes dorées lancent leurs derniers reflets et disparaissent dans la nuit.