Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour retenir les captifs par la patte et les empêcher de retourner vers la jungle dont ils pleurent le délicieux séjour. Dans six mois leur éducation sera parachevée ; ils rejoindront leurs aînés et rouleront les billots de teck.

Au jardin zoologique, un orang-outan de forte taille attire particulièrement l’attention. La collection de tigres et autres félins est des plus complète.

Il fait chaud à Rangoon, mais pas autant que je l’aurais cru. De midi à trois heures, le pavé brûle. Les nuits sont fraîches. Il n’a pas plu depuis août dernier, et l’écluse céleste ne s’ouvrira qu’en avril prochain ; c’est mystère que la verdure puisse se maintenir vivace. Les cannas, les marguerites, les passe-roses, les verbinas, les cyclamens et autres fleurs, sont de toute beauté.

Nous passons près de la prison ; les détenus, en jupes rayées, travaillent dans un grand jardin. Une boutique est en face de l’établissement ; on y exhibe et vend les produits des divers corps de métiers de l’institution, particulièrement des meubles en osier.

À cinquante milles de Rangoon, à Tamul, sur la route de Pégu, il existe un Bouddha couché, de deux cents pieds de longueur. Dans la campagne, trois Bouddhas assis, dos à dos, atteignent la hauteur de quatre-vingt-dix pieds ; ils sont en briques cimentées.

Les funérailles sont aussi élaborées et tapageuses qu’en Chine. Nous avons croisé un cortège funèbre ; la défunte, vêtue en couleur, était exposée sans voile, sous un dais. On la portait, en grande pompe, au lieu de son dernier repos où elle sera enterrée sans cercueil.

Cet après-midi, nous avons visité la pagode de Sulé et le parc Victoria où la fanfare des Rangoon Volunteers donnait un concert. Sur une avenue de l’est, rangées en bataille sur leurs vérandas, des marchandes de plaisir exhibaient leurs charmes. « Come in, please » .

Nous parcourons la banlieue et la campagne ; population bronzée, très bronzée, tirant sur le noir ; taille cambrée et traits de figure européens. La femme en mantelet et en jupe qui tombe jusqu’à terre : elle est